La valse des fausses hésitations
Il paraît que tout a commencé jeudi 1er décembre 2016 en milieu d’après-midi. Vers 16h30, des journalistes et des proches de Manuel Valls ont reçu un sms les informant de la résiliation du numéro de téléphone mobile du premier ministre et de la mise en service d’un nouveau numéro ce même jour, à partir de 20h00. Cette information, dérisoire en elle-même mais savamment mise en scène, a dès lors pris une importance mongolsphèrique. Pourquoi une telle annonce ? Pourquoi ce changement de coordonnées téléphoniques ? Pourquoi une mise en service à 20h00 précises ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Le monde des médias, qui est évidemment bien plus petit que le monde en général, mais qui fait croire le contraire aux autres et à lui-même, a continué à s’émouvoir et à s’agiter pendant des heures autour de ce petit rien.
Dès 20h00, la soirée de ce 1er décembre mémorable s’est poursuivie avec l’allocution télévisée de François Hollande, et l’annonce de son renoncement à briguer un second mandat présidentiel. Quelle surprise ! Non mais franchement, quelle autre issue pouvait-il y avoir pour celui qui a pulvérisé tous les records d’impopularité de la cinquième république ? Mais, ô miracle, les journalistes ont tout de même réussi à déblatérer sur la question et à étirer tard dans la nuit à la télévision et le lendemain matin dans les journaux un débat de non-société sans convictions ni projections. Certains sont même parvenus à dénicher des socialistes regrettant une telle décision.
Le premier week-end de décembre est passé sur tout cela et ce lundi 5/12/16 à 7h30, quelle information vient bousculer les téléscripteurs de l’hexagone ? L’annonce d’une annonce de Manuel Valls qui annonce dès potron-minet qu’il fera une annonce importante à 18h30 ! Et rebelote ! C’est reparti pour un tour. Un tour pré-pré-pré-électoral. La presse écrite et les médias radio-télévisés sont à nouveau sous tension. De l’aurore au crépuscule, ils sont préchauffés puis surchauffés pour nous servir du super réchauffé aux JT du soir. Le branle-bas (qui porte bien son nom) de combat médiatique reprend de plus belle. Pitié ! Cette pantomime fait vraiment pitié. Et personne pour la crucifier… Coluche, pourquoi nous as-tu abandonnés ?
Parade de l’annonciation, valse des fausses hésitations, tout tourne en rond, comme dans un cercle vicieux orchestré sur une mesure 3/4 où apparat et l’apparence tiennent lieu de leitmotiv. On y cultive l’art de pivoter et celui du changement de direction avec un grand sourire. Et aussi l’aptitude à faire parler tout en s’orientant au doigt mouillé. L’agitation actuelle en est une illustration parfaite. Tout ça c’est du vent. Une vieille brise d’automne stagnante recyclée pour l’hiver pré-électoral qui va figer les choses et les esprits jusqu’au printemps présidentiel. Échéance trouble et maussade. Jamais le panel des prétendants n’aura été aussi terne et peu enthousiasmant. Jamais les perspectives d’avenir et de progrès n’auront semblé aussi mornes et embrumées. Lorsque l’on interroge les Français sur leurs intentions de vote pour la prochaine présidentielle, ils s’expriment souvent de façon désabusée voire dépitée. À force d’invoquer un vote par défaut, ils donnent l’impression que l’action de voter est devenue elle-même un défaut. Un gros défaut.
Comme nous disait le regretté Coluche “de toute façon comme on se fera baiser au présidentielle,c’est pas des primaires qu’il nous faut,mais des préliminaires”bisous les filles
De surcroît il annonce qu’il qu’il est candidat à la Présidence de la République alors qu’il n’est pour l’heure que candidat à la primaire du parti socialiste ! N’est-ce pas une nouvelle preuve de sa dangereuse fébrilité dont il est coutumier ? Je trouve risqué de confier les rênes du pouvoir à un homme qui confond sans cesse vitesse et précipitation et gouverne avec des 49.3.