Go Johnny Go
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Que l’on soit fan ou pas, on a tous en nous un petit air de Johnny. Je n’ai jamais fait partie de la première catégorie mais celui que les gens appelaient l’idole des jeunes et qui tentait de retenir la nuit avec la jolie Sarah en suppliant “Que je t’aime”, m’a toujours semblé plus sympathique que la version française du rocker au blouson noir roulant des mécaniques ou jouant les gros durs dans des shows démesurés. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai toujours préféré les Beatles au Rolling Stones.
La musique doit se suffire à elle même, sinon ce n’est plus la même chanson. Et en parlant des Beatles, il est amusant de rappeler que Johnny est passé à côté du plus grand groupe pop/rock au début des années 1960. Lee Halliday, le père que Jean Philippe Smet aurait voulu avoir, celui qui le premier l’appela Johnny puis lui légua son patronyme, avait repéré avant tout le monde cinq jeunes venus de Liverpool. Sachant qu’à l’époque Johnny cherchait un groupe pour l’accompagner en tournée et que les Beatles, encore inconnus, couraient leurs premiers cachets, Lee recommanda chaudement ces petits British au chanteur français. Celui-ci déclina la proposition sans même les avoir auditionnés car la veille, il venait d’embaucher d’autres musiciens américains. Joey et les Showmen (qui sait ce qu’ils sont devenus ?) ont donc escorté Johnny sur scène pendant que les Beatles prenaient le chemin des clubs mal famés de Hambourg, juste avant de surfer sur le succès planétaire que l’on sait, très vite boostés par une Beatlemania fulgurante.
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Bien involontairement, Johnny Halliday s’est privé d’un pied gigantesque pour un musicien quel qu’il soit : faire un bout de chemin en compagnie de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr ! Cette occasion manquée a dû lui trottiner plusieurs fois dans la tête par la suite, d’autant qu’il a rapidement traduit et adapté plusieurs tubes des Beatles, dès la sortie de leurs premiers disques. Les trois interprétations livrées ici en sont les parfaites illustrations.
Mais le train était passé. Bon prince, Johnny Halliday déclara plus tard qu’il s’était fait une raison en pensant que, de toute façon, ces quatre-là ne seraient probablement pas restés très longtemps à ses côtés, vu l’étendue de leurs talents. Dommage tout de même, quand on sait qu’à l’époque les Fab Four en pinçaient pour les petites Françaises, Brigitte Bardot en tête… et que John Lennon avait un petit faible pour une certaine Juliette Gréco. À mon humble avis, il aurait gagné au change en fréquentant une véritable artiste, malicieuse égérie du quartier latin, et en abandonnant à l’anonymat qu’elle n’aurait jamais dû quitter une arriviste japonaise, négative jusque dans son nom.
John et Johnny auraient fait la tournée prévue, plus celle de quelques bars de nuit. Ils auraient improvisé ensemble quelques bœufs bourguignons et composé Get Back in Saint Émilion. En plus de sa ferme en Écosse, McCartney aurait craqué pour un mas en Provence ou aurait acheté quelques arpents dans le Larzac. Sans doute y aurait-il eu d’autres belles Michèle et l’hexagone serait peut-être devenu leur seconde patrie. Lennon serait encore en vie. Durant l’hiver 1980, son meurtrier n’aurait jamais pu passer le double barrage du Beaujolais nouveau et du vin chaud à la cannelle. Imagine en français…
Mais Yesterday restera yesterday, and Tomorrow will never know.
C’est gravé dans la vie.
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Ironie du sort, ou plutôt clin d’œil du destin, Brian Ray, le guitariste blondinet avec lunettes de soleil et costume lamé fuschia, accompagne sur scène depuis vingt ans à la fois Johnny Hallyday et Paul McCartney.
Oui Brigitte, c’est hélas bien vrai.
J’ai le “blues, de toute la musique que j’aime”
Et je ne me fais pas Hallyday, que Johnny soit définitivement en “vacancy” !
Biz à tous les fans et les autres aussi…
Par contre,il a prix Jimmy Hendrix en première partie en France !