TRANSMUTATION
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« Le sapin de Noël est un trans ! » Et je le démontre, sans tambours ni clochettes !
Deux mille ans avant Jésus Christ, chez les Celtes comme chez les Grecs, l’épicéa était déjà l’arbre de l’enfantement. Les Chrétiens ne se firent pas prier pour le récupèrer et l’associer à la naissance de Jésus, comme par hasard à la même date que le solstice d’hiver (la renaissance du soleil), rite païen pour lequel cet arbre symbole de vie était décoré avec des fruits, des fleurs et du blé !
En 1560, au moment de la Réforme, les protestants y allèrent de leur contestation en refusant de représenter la Nativité par la crèche des catholiques. Ils lui préférèrent le sapin de Noël, symbolisant le paradis d’Adam et Ève (la pomme). Mais, en acceptant l’étoile en son sommet pour figurer celle de Bethléem, le sapin réconcilia les deux églises ! Fin XIXe, il fut adopté par toute la France, puis par les pays catholiques comme l’Italie ou l’Espagne (au XXe siècle seulement).
Non seulement le sapin assura la transition entre païens et chrétiens, mais il fit ensuite le joint entre protestants et catholiques. Si cela n’est pas de la transe religieuse qui vire au transculturel, c’est à n’y plus rien comprendre !
En Alsace, dès 1521, on dressait déjà un sapin sur la place de l’hôtel de ville. La veille de Noël, des spectacles se déroulaient devant les églises. On dansait autour de l’arbre de paradis. Bref, à l’époque c’est la big teuf et le sapin est le DJ vedette ! Renversant. Il fit alors son entrée dans les maisons par la grande porte, suspendu au plafond, une pomme fixée à son tronc. On le secouait pour faire tomber les gâteaux et les petits jouets. En 1858, l’hiver fut si rigoureux qu’il n’y eut plus de pommes. Un artisan verrier eut l’idée de créer des sphères de couleur représentant les fruits à accrocher dans ses branches. Bingo !
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C’est bel et bien là qu’il chopa les boules, le sapin de Noël ! Des premières parures comestibles : pommes, noix, bonbons, petits gâteaux, figurines de massepain… il passa aux papiers colorés, rubans, poupées miniatures, objets en fil de fer, cire et verre peint. Après les coquilles de noix remplies d’huile où des mèches flottaient et les chandelles souples nouées autour des branches, vinrent les cierges magiques et les guirlandes électriques made in USA. Aujourd’hui, plus rien ne l’arrête ! Dans le virtuel ou le réel, le sapin de Noël se travestit et se maquille à l’extrême. Sa métamorphose se fait de plus en plus spectaculaire. De mi décembre à mi janvier, il parade en tous lieux et devient le drag-queen des végétaux. Extravaganza !
Le plus étonnant, c’est qu’à l’état naturel, sur des hauteurs que d’autres n’atteindront jamais, l’épicéa s’éclate dans la transmutation ! Il renonce aux relations sexuelles (un peu comme moi) pour se cloner par marcottage. Il met une de ses branches en terre, bien au chaud. Celle-ci devient tronc, produit des racines et se sépare de l’arbre-mère (concept 3ème genre aussi l’arbre-mère) pour produire un nouvel individu. Comme un trans qui se serait opéré lui-même. Les hermaphrodites peuvent aller se rhabiller.
Alors quand vous l’aurez transplanté chez vous pour quelques jours ou quelques semaines et qu’après la fête, pour lui ça sentira vraiment le sapin, que vous vous serez bien enguirlandés* avec votre ami(e) pour savoir qui de vous deux ira l’abandonner sur un morceau de bitume où il devra faire le trottoir encore quelque temps, regardez-le bien, tout nu, sans ses belles parures ni ses talents aiguille. Puis, juste avant de partir, fredonnez-lui une dernière fois : Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime…
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Ndlr : Au sens figuré, enguirlander une personne revenait à la couvrir d’éloge. Aujourd’hui se faire enguirlander (subir de vifs reproches, par influence indirecte du verbe familier engueuler) n’est plus très flatteur !
L’origine des guirlandes : la légende des araignées.
Il y a bien longtemps, en Allemagne, une maman s’affairait pour Noël. Elle avait dressé le sapin, briqué sa maison, veillé à chaque détail pour que tout soit parfait, jusqu’à chasser les araignées à grands coups de balai. Celles-ci s’étaient réfugiées au grenier. Le calme revenu, les araignées redescendirent et trouvèrent le sapin si joli qu’elles entreprirent de le recouvrir de leurs toiles. Quand le Père Noël arriva pour distribuer les cadeaux, il fut ravi de découvrir nos araignées heureuses et très satisfaites de leur décoration. Il songea toutefois à la tristesse de la maman retrouvant son arbre enveloppé de toile grise. Pour satisfaire tout le monde, le Père Noël transforma les fils grisâtres en fils d’or et d’argent. L’arbre se mit alors à scintiller et à briller de tous ses feux ! C’est pour cela qu’il faudrait toujours glisser au milieu des branches du sapin, une gentille petite araignée.
Belle leçon historique qui confirme le niveau culturel de notre Brigitte,bon j’arrete de passer de la pommade sinon on va croire que je suis jalouse.bisous les filles et joyeuses fêtes de fin d’annee a toutes.