ÉPANCHEMENT
L’info sportive du week-end, c’est Neymar qui quitte le terrain dix minutes avant la fin du match PSG-OM (remporté 3-0 par les Parisiens). La raison de cette sortie prématurée ? Une grosse entorse. Pas une de celles qu’il fait régulièrement aux règlements de ses clubs ou au fair-play face à des adversaires beaucoup moins doués que lui. Non ; une grosse entorse de la cheville droite, qui a rapidement gonflé selon les dires de quelques coéquipiers, et qui a immédiatement inquiété tous les supporters français, à cause de son possible forfait, dans une dizaine de jours, pour le match retour contre le Real Madrid, en Ligue des champions.
Que Neymar ait les chevilles qui enflent, ce n’est pas une nouveauté. Il a la malléole malléable et l’astragale mascarade. Il tombe souvent dans le panneau grimaçant et les excès de la commedia dell’arte, mal rapportée au martyre des artistes du ballon rond, atrocement persécutés sur les terrains de football. Il est regrettable qu’un footballeur d’un si grand talent en ait si peu lorsqu’il se met à jouer la tragédie de l’estropié agonisant. Le sort semble parfois se venger en lui infligeant de véritables coups durs. Sévèrement rappelé à l’ordre à des moments clés de sa carrière, il se trouve alors contraint de renoncer à des rendez-vous uniques, telle cette demi-finale de coupe du monde 2014 dans son pays, qui, en son absence, se solda par la déroute du Brésil face à l’Allemagne (1-7). À force de crier au loup…
Neymar est une pointure, c’est entendu. Son entorse de la cheville va peut-être l’éloigner des terrains quelques semaines, c’est bien dommage. Mais quand j’entends dire : «Le pauvre, il va manquer le plus grand rendez-vous de l’année», je me pince les deux bras jusqu’aux orteils ! Le pauvre ? Un bref rappel s’impose à propos de celui qui fut plusieurs fois nommé “Most Marketable Athlete”. Son enveloppe salariale au PSG est officiellement de 45 millions d’euros à l’année. Dans le même temps, il engrange 25 millions de dollars en contrats publicitaires. En faisant semblant d’oublier les primes et bonus de toutes sortes, dont certaines autres enveloppes plus qu’officieuses (pour exemple, lors du précédent recrutement à 120 millions de dollars par Barcelone, il fut établi que ses parents touchèrent 54 millions en frais de transferts… intéressant bougrement le fisc espagnol), le compte est bonbon pour 2018. Dans le pire des cas, qu’il joue ou non, l’ami Neymar gambade allégrement autour des 70 millions d’euros annuels ! À ce tarif là, je veux bien être éloignée des terrains 365 jours par an. Même en prenant tous les risques conso-loisirs, en multipliant les dribbles shopping, en décuplant les hors-jeux voyage et en disputant les prolongations bonne pomme avec les anciens et les nouveaux potes, impossible de se faire la plus petite luxation au portefeuille. Et de vouloir à nouveau fouler la pelouse !