SALUT L’AMI
Il disait : « La médecine du travail est la preuve que le travail est bien une maladie ! » La maladie l’a emporté le 18 avril 1988, il y a tout juste trente ans. Je m’en souviens bien parce qu’à l’époque, rédacteur en chef d’un magazine sportif, je l’avais contacté pour une interview sur le football, un sport qu’il ne portait pas aux nues -c’est un euphémisme- de son panthéon culturel. Je le savais très fatigué mais il avait accepté et je me réjouissais à l’avance de cette rencontre truculente. Opéré d’un cancer du poumon diagnostiqué en 1987, l’humoriste donnait alors sans le savoir ses derniers spectacles. Les médecins, en accord avec son épouse, lui avaient caché la gravité du mal qui le rongeait petit à petit, au point de ne plus pouvoir honorer ses engagements. Depuis, je pense souvent à lui, comme à Coluche, et regrette sa longue absence. Pour l’atténuer un tant soit peu, resurgissent ci-dessous quelques unes de ses saillies mémorables, réparties en quatre grands thèmes, forcément subjectifs et polémiques.
AMOUR, SEXE ET SENTIMENTS :
« L’amour, c’est comme les cartes : si tu n’as pas de partenaire, il te faut une bonne main.
Ma femme est très portée sur le sexe. Malheureusement, ce n’est pas sur le mien.
L’ennemi, c’est comme le sexe. Faut tirer dessus de temps en temps pour avoir la paix.
Si c’est les meilleurs qui partent les premiers, que penser alors des éjaculateurs précoces ?
Pour que votre voyage de noces soit un succès total sur le plan touristique, sentimental et sexuel, la première chose à faire est de partir seul.
Il était tellement obsédé qu’à la fin il sautait même des repas.
Entre une mauvaise cuisinière et une empoisonneuse il n’y a qu’une différence d’intention.
La nostalgie, c’est comme les coups de soleil : ça fait pas mal pendant, ça fait mal le soir.
Je n’ai jamais abusé de l’alcool, il a toujours été consentant. »
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POUVOIR ET POLITIQUE :
« La démocratie est le pire des dictatures, parce qu’elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité.
Les aspirations des pauvres ne sont pas très éloignées des réalités des riches
Un jour j’irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien.
Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question.
Quand les individus se multiplient, les intelligences se divisent.
Si les hommes font moins de conneries en février, c’est parce qu’ils n’ont que vingt-huit jours.
A part la droite, il n’y a rien au monde que je méprise autant que la gauche.
L’adulte ne croit pas au père Noël. Il vote.
La recherche a besoin d’argent dans deux domaines prioritaires : le cancer et les missiles antimissiles. Pour les missiles antimissiles, il y a les impôts. Pour le cancer, on fait la quête.
Les chiffres sont accablants : il y a de plus en plus d’étrangers dans le monde.
Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c’est l’idéal.
L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ! »
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CULTURE ET INTELLIGENCE :
« L’intelligence c’est comme les parachutes, quand on n’en a pas, on s’écrase.
Est-il indispensable d’être cultivé quand il suffit de fermer sa gueule pour briller en société ?
Et puis quoi, qu’importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non.
Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet.
Et puis nos coutumes divergent, et divergent c’est énorme.
On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.
On n’a quand même pas pris la Bastille pour en faire un opéra !
“Un psychotique, c’est quelqu’un qui croit dur comme fer que 2 et 2 font 5, et qui en est pleinement satisfait. Un névrosé, c’est quelqu’un qui sait pertinemment que 2 et 2 font 4, et ça le rend malade !”
L’âge mûr c’est la période de la vie qui précède l’âge pourri.
Je suis un gaucher contrariant. C’est plus fort que moi. Il faut que j’emmerde les droitiers.
Le rire n’est jamais gratuit : l’homme donne à pleurer mais prête à rire. »
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DIEU, L’HOMME ET LA FEMME :
« Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine.
Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant… S’il vous répond, vous êtes schizophrène.
Dieu a dit : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” D’abord, Dieu ou pas, j’ai horreur qu’on me tutoie…
Au Paradis, on est assis à la droite de Dieu : c’est normal, c’est la place du mort.
La caractéristique principale d’un ami est sa capacité à vous décevoir.
Le voisin est un animal nuisible assez proche de l’homme.
L’accouchement est douloureux. Heureusement, la femme tient la main de l’homme. Ainsi, il souffre moins.
La femme est assez proche de l’homme, comme l’épagneul breton. A ce détail près qu’il ne manque à l’épagneul breton que la parole alors qu’il ne manque à la femme que de se taire.
Le féminin de “directeur” est “la femme du directeur”.
Dépourvue d’âme, la femme est dans l’incapacité de s’élever vers Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d’un escabeau qui lui permet de s’élever vers le plafond pour faire les carreaux. C’est tout ce qu’on lui demande.
On reconnaît le rouquin aux cheveux du père et le requin aux dents de la mère.
Pour rester belle. Si vous avez les seins qui tombent, faîtes-vous refaire le nez, ça détourne l’attention.
Le sixième jour, Dieu créa Adam. Puis il corrigea son erreur. »
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