RÉCUPÉRATION
Qu’est-ce à dire ? En consultant les infos que je n’avais pas eu le temps d’explorer hier, je viens d’apprendre que Bachar al-Assad a rendu sa Légion d’honneur à la France ! Hou la la ! Quel scandale ! Quel déshonneur ! Honte à lui et aussi à ceux qui lui ont remis. Car on peut s’interroger sur qui est le plus à blâmer dans cette pantalonnade entre nervis du décorum.
On sait depuis belle lurette que cette distinction, qui ne distingue plus grand chose, a pris la méchante habitude d’être bradée à n’importe qui sous n’importe quel prétexte, mais là on touche le fond du fond. Un peu comme lorsque Sarko 1er avait invité le bon colonel Mouammar Kadhafi à planter sa tente du bédouin magnifique dans la cour de l’Élysée. Il faudra d’ailleurs songer à demander le remboursement des fastes déployés par la République Française, donc payés par nous, pauvres et honnêtes contribuables, à l’occasion de cette consternante mascarade. On me dit que la note a déjà été réglée en son temps ? Les liquidités se sont probablement égarées dans d’autres caisses, un peu plus noires que celles du Trésor Public.
Mais revenons à notre mouton noir, qui est plutôt un loup pour l’homme, la femme et les enfants de son pays. Pardon pour notre ami canis lupus. Je retire loup et je le remplace par hyène. Bachar el assassin, qui a du souci à se faire lorsqu’au jugement dernier, son âme calcinée aura à faire le décompte de toutes celles qu’elle a sur la conscience, a donc décidé de renvoyer son insigne distinction comme on retourne par la poste une vulgaire paire de chaussures achetée mal à propos et au rabais sur internet. Ce que le vil coyote ne dit pas (pardon encore pour tous les coyotes qui ne méritent pas une telle parenté), c’est que la France avait de toute façon entamé à son encontre une procédure de retrait de sa Légion d’honneur. Faute avouée est à moitié pardonnée. Mais à moitié seulement. Tout n’est donc que question de posture et d’hypocrisie bravache.
Ironie du sort, ou crétinerie du site Yahoo, la nouvelle était illustrée par une photo de 2001, avec serrage de louche entre Chirac et Bachar Bouzouk (dérivé de bachi-bouzouk, terme provenant du turc : başıbozuk, littéralement «sa tête ne fonctionne pas») mais surtout, juxtaposition déplorable, surmontée d’un bandeau promotionnel pour l’UNICEF (United Nations International Children’s Emergency Fund) ! Quand on sait que ce Fonds des Nations Unies pour l’Enfance se consacre partout dans le monde à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants, il y a de quoi rire jaune. Il est vrai que nous ne sommes plus à une aberration près dans cette farce médiatique.
Si je pouvais me permettre une suggestion citoyenne à propos de cette grand croix de la Légion d’honneur désormais orpheline, et en m’inscrivant dans une économie recyclable chère à notre président actuel, je proposerais bien ma candidature pour accueillir cette distinction migrante dont personne ne veut plus entendre parler. Je promets d’en prendre grand soin, de la chérir de tout mon cœur et de l’arborer fièrement sur ma poitrine lors de la prochaine gay pride. J’ai déjà l’uniforme ad hoc (seconde référence tintinesque complétant le précédent bachibouzouk).
Une petite ombre, j’en suis bien consciente, plane toutefois sur mon humble requête et ma modeste candidature : je n’ai, à ce jour, jamais escroqué, corrompu ni tué personne.
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