À MARIE-FRANCE…
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C’était ma toute première chronique dans la quotidienne intitulée “Le Set”, sur Pink tv. Je n’en menais pas large mais j’essayais de faire en sorte que cela ne se voie pas. Christophe Beaugrand présentait l’émission et, ce jour-là, l’invitée principale n’était autre que Marie-France Pisier. Cette actrice, scénariste, réalisatrice française était l’une de mes artistes préférées. J’avais toujours admiré son charme, son jeu, sa prestance, son élégance, son charisme, bref, son aura. Elle représentait à mes yeux un idéal féminin des plus complets, tant sur le plan physique que cérébral.
Lorsque nous nous installâmes côte à côte sur le plateau, un peu avant le décompte annonçant le lancement de la diffusion, je sentis poindre une sorte de complicité naissante. J’alignai à portée de main quelques objets destinés à illustrer mon billet d’humeur. Ma chronique était construite sur le thème de la “sphère sportive”. Je disposai également à plat devant moi une feuille sur laquelle était rédigé mon édito. « Vous n’avez pas appris votre texte ? » me demanda doucement Marie-France. « Si, si. Bien sûr. Je le connais sur le bout des doigts, lui répondis-je, mais cette feuille, à laquelle je n’accorderai probablement aucun regard, fonctionne un peu comme un filet pour un voltigeur. C’est une sécurité invisible, une alliée mentale, et peut-être aussi une façon de conjurer le sort et d’éliminer le trac. Il paraît qu’il y a beaucoup de superstitions dans le métier. Ça doit être la mienne. »
Marie-France a souri. Elle a hoché doucement la tête en inclinant doucement son visage, comme elle savait si bien le faire. Elle a pris la lumière comme personne et m’en a donné un peu avec la générosité d’une nouvelle amie. Il ne pouvait plus rien m’arriver. Ma chronique s’est déroulée comme dans un rêve. J’avais l’un des miens à mes côtés. Lorsque Christophe a esquissé le retour-conclusion, nos regards se sont aimantés. Ma marraine de télévision m’a alors gratifié d’un des plus beaux compliments que l’on ne m’ait jamais fait. En quittant le studio, nous nous sommes embrassées et on n’a même pas pensé à poser pour le photographe de plateau. Je n’ai pas osé lui déclarer toute mon admiration et mon envie de réaliser une interview originale avec elle. Je me suis toujours dit qu’on se reverrait et que j’aurais alors le temps de lui soumettre cette proposition.
Marie-France Pisier s’en est allée le 24 avril 2011. On l’a retrouvée noyée dans la piscine de sa villa, à Saint-Cyr-sur-Mer. C’était au beau milieu de la nuit. Au fil des miennes, je pense souvent à elle.
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Je t’adore ma belle. Bisous
Belle chronique tout en beaux jeux de mots comme tout un chacun qui aime l’écriture aimerait en rédiger un jour. Mais ce travail est tellement fastidieux et demande une telle classe et un travail phénoménal qu’il est réservé à une élite. Dont tu fais partie. Pour ma part, je ne me lasse ni de tes écrits, ni de tes interventions orales. Une grande compétence alliée à un savoir exceptionnel. Et, celui-là en atteste profondément, une sensibilité extrême. Très émouvante, cette pensée à Marie-France PISIER. Elle était également sous ton charme. Et son beau compliment avait tout ce qu’on peut estimer de naturel.