TOUCHÉ  –  COULÉ  ?

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On savait Secret Story bien mal embarqué depuis quelques années. TF1 avait senti le vent tourner au point de ne pas reconduire le programme, confirmant en 2018 un naufrage annoncé. Aujourd’hui les rats quittent le navire, après avoir fait chuter une audience moyenne de près de 5 millions de téléspectateurs en 2007 à un pauvre score d’à peine 565.533 téléspectateurs en 2017. Traité différemment, le concept aurait pu voguer vers des rivages plus sereins, mais l’obsession du toujours plus trash, toujours plus clash, a précipité sa perdition en eaux troubles.

Torpillée par une vidéo lancée sur YouTube le 2 janvier 2019, cette téléréalité d’enfermement est alors apparue sous son vrai jour auprès d’un large public (plus de 2 millions de vues en une semaine !) qui n’imaginait pas l’étendue des dégâts, auprès des candidats d’une part et auprès des spectateurs d’autre part. De nombreux articles de presse avaient aussitôt repris ces révélations et le lundi 7 janvier, lors de son émission de rentrée, TPMP leur avait consacré un quart d’heure de débat sur C8. Le 9 janvier, j’avais pris le relais en apportant ici quelques précisions sur un sujet que je connais bien pour l’avoir patiemment étudié dans le cadre d’une enquête très longue et très documentée. Outre plusieurs remarques sur la défense maladroite de la société de production, j’avais annoncé la divulgation de quelques clés de lecture pour mieux comprendre les manipulations orchestrées dans ces émissions. YouTube proposait alors des centaines de vidéos sur les 11 éditions successives de Secret Story. Certaines saisons y figuraient intégralement, quotidiennes par quotidiennes, hebdos par hebdos. Dès lors qu’on leur montrait où chercher et comment regarder, je faisais confiance aux internautes pour débusquer les tricheries et dénoncer les “petits arrangements avec la vérité”, selon la formulation révélatrice du duo Lemaître-Castaldi, sur le plateau de Touche pas à mon poste. Des milliers de détectives inspirés auraient pu ainsi découvrir des secrètes scories fort édifiantes.

“ Auraient pu ” ? Pourquoi l’emploi d’un conditionnel passé ? Et bien tout simplement parce que le jeudi 10 janvier 2019, au lendemain de mon article, toutes les vidéos enregistrées sur YouTube depuis dix ans avaient disparues ! Je ne voulais pas le croire, mais après avoir été alertée par plusieurs internautes, j’ai dû me rendre à l’évidence. Lorsque l’on tape “Secret Story” dans la barre de recherche YouTube, n’apparaissent plus désormais que quelques posts édités par des particuliers ou des groupes de fans. L’intégralité des émissions livrées telles quelles auparavant a été effacée ! Un formidable aveu… que beaucoup assimileront à une dissimulation de preuves. Qui de TF1 ou d’Endémol a ordonné ce nettoyage précipité ? Peu importe. Sur la forme comme sur le fond, le procédé est idiot. Il rend encore plus évident ce qu’il veut camoufler.
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De source sure, je sais que cette affaire commence à ouvrir des voies d’eau de toutes parts. L’équipage Endémol-TF1, qui se sait dans la tourmente, fait profil bas et ne veut surtout pas réagir officiellement. Une gentille taupe me confiait : « Pour l’instant ils sont dans l’œil du cyclone et ils ne savent pas comment en sortir sans ajouter de l’huile sur le feu. Ça tonne en interne mais le couvercle reste bien fermé au dessus de la marmite ». Orage au désespoir : d’aucuns vont enfin savoir ce que c’est que d’être emprisonné dans la cocotte minute. Ce serait un juste retour des choses. Leur ciel pourrait encore s’assombrir avec de nouvelles révélations de la part des nombreux candidats qui ont été floués et malmenés au cours des dernières saisons. Ces témoignages commencent à remonter ici et là. La parole libère la parole. La perspective d’actions en justice, et des retombées médiatiques qui ne manqueraient pas d’accompagner ces procès, fait encore plus tanguer le navire. Telle une coquille vide, Secret Story reste dans l’œil du cyclone et, au vu de ses derniers agissements, la capitainerie semble se demander si le meilleur moyen d’en sortir n’est pas de le saborder purement et simplement.