LE PREMIER DES SECONDS
Raymond Poulidor a 83 ans aujourd’hui et sa poupoularité est demeurée intacte ! Cycliste professionnel de 1960 à 1977, il accumula bon nombre de victoires mais traîna à jamais une image sympathique d’éternel second, accolée au surnom non moins sympathique de Poupou. Une incroyable malchance et une implacable concurrence frontale avec deux monstres du cyclisme (Jacques Anquetil puis Eddy Merckx) le privèrent de remporter le sacro-saint Tour de France, même lorsque celui-ci lui semblait promis, comme en 1968, juste avant qu’une moto ne le renversât et le contraignit à l’abandon !
À un journaliste qui lui demandait ce qu’il aurait fait s’il n’avait pas été coureur cycliste, le Creusois natif du petit village de Masbaraud-Mérignat répondit sans la moindre hésitation : « J’aurais été paysan. Je serais resté dans ma Creuse natale derrière une charrue. Nous étions une famille sans argent, mais je n’ai souffert de rien. Nous étions heureux. Je peux dire que j’ai gagné beaucoup d’argent par rapport à mes parents, mais je n’ai jamais eu aucune ambition. Tout ce qui se présentait pour moi était un rêve. Que je gagne ou que je ne gagne pas, cela n‘avait pas beaucoup d’importance à mes yeux. Je n’ai rien fait pour avoir cette popularité qui a d’ailleurs rendu certains de mes équipiers et mes adversaires jaloux. Tout le monde voulait avoir Poulidor sans que je sache vraiment pourquoi. »
Plus que la victoire finale, c’est peut-être ça le réel accomplissement pour un grand sportif. Rester en tête dans le cœur des gens, sans forcément avoir trusté la première place du classement.