BOISSON PILOTE
Mon amie Andréa n’est pas contente, mais alors pas contente du tout ! La semaine dernière, alors qu’elle portait délicatement une cannette de coca à ses lèvres, un représentant de la maréchaussée intervint pour lui signifier qu’elle était redevable de la somme de 35 euros ! Elle était au volant de sa magnifique petite Clio rouge et n’en est pas encore revenue !
Hé oui ! Il n’y a pas que le téléphone qui soit interdit aux automobilistes. Boire, manger, et même fumer, il n’y a plus à choisir ; il ne faut que conduire ! Andréa a protesté et fait remarquer que les nouveaux véhicules étaient tous équipés de mini-tablettes et supports adaptés pour cannettes et gobelets. Peine perdue. Son inflexible agent lui a sèchement opposé l’article R 412-6 du Code de la Route :
« Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d’exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l’apposition d’objets non transparents sur les vitres. Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions ci-dessus est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe ». Cette amende peut aller de 35 à 150 euros et la règle est laissée à la libre appréciation des forces de l’ordre. Adieu le petit tailleur de printemps repéré sur internet…
Le ton a failli monter mais, d’une part Andréa n’est pas une belliqueuse, et d’autre part le collègue du verbalisateur lui a dit que selon certaines circonstances aggravantes, il pouvait également y avoir retrait de un à deux points sur le permis des réfractaires virulents. Elle n’a pas voulu savoir ce qu’étaient ces circonstances aggravantes… Dans la discussion, elle a également découvert que le réflexe bien féminin de jeter un coup d’œil dans le miroir du pare-soleil pour une éventuelle retouche maquillage tombait sous le coup de la même loi ! No make up by car ! Et inutile d’arguer que vous avez utilisé votre rouge à lèvres en profitant de l’arrêt au feu de la même couleur. C’est kif kif bourricot. Même s’il est immobilisé à un feu, un stop, un passage à niveau ou dans une file de voitures, votre véhicule est toujours considéré comme étant en circulation tant qu’il n’est pas dûment stationné sur le bas côté de la chaussée ou sur une place de stationnement délimitée. L’impitoyable, l’abominable article R-412-6 ne fait pas de quartier et s’applique même à l’arrêt !
Depuis sa mésaventure, Andréa a cherché à développer une parade adaptée à ce genre de déboires au volant. Ma copine est une intraitable revancharde. Ne s’étant pas étendue sur les circonstances aggravantes avec les forces de l’ordre à qui elle a eu affaire, elle s’est penchée sur les possibles circonstances atténuantes. Elle a alors retenu une option que l’on pourrait qualifier “d’engageante” et que nous vous livrons en photo ci-jointe. Option qui présente le double avantage d’arborer un adorable décolleté et d’afficher une conduite totalement “libérée”.
Les pinailleurs pourront contester la pertinence de la parade et prétextant que ce dispositif risque fort de tomber sous le coup d’une autre loi, personnellement, je m’inquièterais plutôt pour les risques pris par Andréa au niveau de sa santé. Une angine de poitrine n’est jamais recommandée alors que les beaux jours sont enfin arrivés.