À JAMAIS POUPOULAIRE

LE  PREMIER  DES  SECONDS

Raymond Poulidor, né le 15 avril 1936 à Masbaraud-Mérignat, dans la Creuse, et décédé le 13 novembre 2019 à Saint-Léonard-de-Noblat, en Haute Vienne, emporte avec lui une poupoularité demeurée intacte depuis 60 ans ! Celui qui restera à jamais le premier des seconds dans le cœur des Français, et dans celui de tous les amateurs de cyclisme, vient de boucler la dernière étape d’une existence hors du commun.

Cycliste professionnel de 1960 à 1977, il accumula bon nombre de victoires mais traîna à jamais une image sympathique d’éternel second, accolée au surnom non moins sympathique de Poupou. Une incroyable malchance et une concurrence frontale avec deux monstres du cyclisme (Jacques Anquetil puis Eddy Merckx) le privèrent de remporter le Tour de France, même lorsque celui-ci lui semblait promis, comme en 1968, avant qu’une moto ne le renversât et le contraignit à l’abandon !

À un journaliste qui lui demandait ce qu’il aurait fait s’il n’avait pas été coureur cycliste, ce fils de métayers, qui réalisa ses tout premiers entrainements en cachette de sa mère (elle jugeait ce sport beaucoup trop dangereux), répondit sans la moindre hésitation : « J’aurais été paysan. Je serais resté dans ma Creuse natale, derrière une charrue. Nous étions une famille sans argent, mais je n’ai souffert de rien. Nous étions heureux. Je peux dire que j’ai gagné beaucoup d’argent par rapport à mes parents, mais je n’ai jamais eu aucune ambition. Tout ce qui se présentait pour moi était un rêve. Que je gagne ou que je ne gagne pas, cela n‘avait pas beaucoup d’importance à mes yeux. Je n’ai rien fait pour avoir cette popularité qui a d’ailleurs rendu certains de mes équipiers et mes adversaires jaloux. Tout le monde voulait avoir Poulidor sans que je sache vraiment pourquoi. »

Plus que la victoire finale, c’est peut-être ça le réel accomplissement pour un grand sportif.

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