MOBILIS IN MOBILE
À proximité des côtes de Baja, en Californie, ou dans la mer de Cortés, au large du Mexique, des dizaines de milliers de raies Mobula ont l’habitude de se rassembler en masse puis de disparaître aussi soudainement qu’elles sont apparues. Les scientifiques peinent à trouver une explication précise à ce phénomène spectaculaire.
Cousines des raies Manta (plus imposantes en taille et en poids), les Mobula, qui peuvent compter sur une envergure de deux à cinq mètres, semblent aussi à l’aise dans les eaux que dans les airs. Entre Nautilus et Concorde, elles évoluent avec une grâce mystérieuse et une fougue prodigieuse. Capables de se projeter à plusieurs mètres de la surface, elles affectionnent les sauts carpés avec pirouette ou réception à plat d’une rare intensité, sans que, là non plus, aucune explication scientifique ne se détache clairement. Manière de communiquer à grande distance avec d’autres groupes de congénères ? Rituel de séduction apparenté à une parade nuptiale ? Moyen astucieux d’éliminer certains parasites adhérant à leur peau ? Sorte de jeu ou de pratique récréative hors du milieu aquatique ? Le mystère reste entier et c’est peut-être mieux ainsi pour ces étranges créatures, mi-anges mi-diablesses des mers, à l’élégance très énigmatique.
La raie Mobula est une espèce protégée par la communauté internationale depuis 2013, mais ces grands rassemblements la rendent vulnérable auprès des pêcheurs de toutes sortes, pas toujours respectueux des règles en vigueur. Une légende raconte que les raies manta seraient des messagères des mers, capables de colporter les histoires des océans à travers le monde. Leur balade hors de l’eau et hors du temps serait-elle une façon de dire aux hommes de suspendre le vol et la destruction de biens précieux dont il ne soupçonnent pas l’importance ?
Tout en leur livrant un peu de poésie et d’émouvante mouvance artistique. Mobilis in Mobile. Comme un déplacement fugitif vers une évolution dans l’harmonie. Mobile dans l’élément mobile.