LOI EN CARTON ?
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C’est un projet de loi en carton, une réglementation en papier mâché que l’on fait avaler comme une énième couleuvre aux écologistes et citoyens un tant soit peu responsables, qui doivent ressentir une singulière saturation, éprouver un écœurement nauséeux et se découvrir une compassion soudaine pour les oies du Périgord en gavage ininterrompu.
Le 2 février 2016, la direction de l’information légale et administrative (Premier ministre) s’était magistralement illustrée par une magnifique ânerie dont elle sait jalousement garder la primeur. Initialement prévue pour le 1er janvier 2016, et reportée une première fois en mars 2016, la publication du décret sur l’interdiction des sacs de caisse en plastique avait été à nouveau repoussée au 1er juillet 2016 ! Et les journaux télévisés ou les commentaires radios d’ajouter sans rire que tout cela devait permettre aux commerçants de préparer la transition ! On croit rêver…
Ça fait plusieurs années que cette mesure a été annoncée à grands renforts de convictions vertement affirmées par les uns et les autres. Sincèrement, il faut combien de temps pour décréter que les conneries, ça suffit une bonne fois pour toutes ?! Depuis des années l’enchainement des reculades, pour rester poli, est un encouragement supplémentaire à utiliser et à distribuer allégrement les sacs plastique qui devraient déjà être interdits depuis belle lurette. L’épuisement des stocks n’en finit plus d’asphyxier la planète. De facto, on augmente la diffusion d’un produit interdit et la propagation d’une substance nocive, avec la bénédiction du législateur.
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Dans le même temps, sont rabâchées en boucle les mêmes évidences. Oui le plastique est un danger mortel pour la planète. Oui on en retrouve des particules partout dans le monde, sous la banquise des pôles comme sur le sable des déserts les plus inaccessibles. Oui on va tous finir par en bouffer et en crever tellement la nature en est déjà saturée. Et au final, qu’est-ce qu’on entend ? « Euh… Ben, on va encore un peu “transitionner” quelques mois ».
Il est vrai que remplacer des sacs plastique par des sacs papier demeure une prouesse technique des plus audacieuses, doublée d’une problématique logistique particulièrement scabreuse. Pour couronner le tout, les communiqués du ministère du développement durable viennent régulièrement ajouter leur complément d’absurdité en précisant que le report de la parution du décret, devant notamment détailler l’application de sanctions, ne remettait pas en cause l’interdiction de la distribution des sacs plastique de caisse à usage unique à partir du 1er janvier 2016, inscrite dans la loi. Ce 28 décembre 2019, j’ai fait quelques courses de fin d’année dans plusieurs commerces parisiens. À chaque fois, on m’a remis mes achats dans d’affreux pochons en plastique. Une seule chose a changé : les quelques centimes facturés en supplément, désormais à la charge du consommateur !
De quoi se mettre la tête dans le sac… et se la taper contre les murs.