SUPER BOULET
Les Chiefs de Kansas City opposés aux Forty-Niners de San Francisco ! L’affiche était inédite et le Hard Rock Stadium de Miami en a vibré de toute sa structure. Dans la nuit du 2 au 3 février 2020, le 54ème Super Bowl , cette grand messe annuelle du football américain, a de nouveau débordé du cadre des USA, et du sport, pour affoler les compteurs en tout genre. Mais l’occasion n’était-elle aussi belle que pour les larrons ?
De 23h55 à 4h35, TF1 avait décidé de couvrir cet événement diffusé dans 180 pays en simultané et en 25 langues différentes. Les précédentes éditions ne m’ayant pas laissé un souvenir impérissable, j’ai tout de même décidé de m’y coller à nouveau. Je devais déterminer une bonne fois pour toutes si, oui ou non, cette célébration était apte à intégrer mon panthéon sportif, au même titre que mes derniers escarpins lamés, avec talon aiguille métallique de 13,5 cm, avaient fait leur entrée triomphale au pied de ma penderie tenues de soirée.
Le Super Bowl est avant tout un concours de démesure. Les 5000 journalistes accrédités sur place et leurs nombreux relais activés parmi tous les types de médias aiment à rappeler des chiffres records. L’audience télévisuelle nationale est estimée entre 110 et 120 millions de téléspectateurs, soit plus d’un tiers de la population américaine. Scotché devant son téléviseur, le yankee moyen tente de pêcher quelques belles actions de jeu noyées dans un raz de marée publicitaire permanent. À 5,25 millions de dollars le spot de 30 secondes, les paris sont réservés à des champions du business plus proches de Trump que de Coubertin. La publicité se négocie alors à 175.000 dollars la seconde. L’enceinte du stade subit la même loi économique. Le prix moyen d’un billet pour cette finale oscille entre 6.000 et 8.000 dollars. L’accès aux loges est bradé à 80.000 dollars et la suite bien placée atteint les 525.000 dollars.
Perdue parmi les 300.000 téléspectateurs français ayant suivi l’événement, je me suis ennuyée comme rarement lors d’une rencontre dite sportive. Je n’ai retrouvé aucun des ingrédients qui me font habituellement vibrer dans d’autres disciplines, que ce soit in situ ou lors de retransmissions majeures. Les gesticulations nymphos et arrogantes de Shakira et Jennifer Lopez durant le show de la mi-temps n’y ont rien changé. La victoire des Chiefs de Kansas City (31 à 20) sur les 49ers de San Francisco a semblé anecdotique. Je me suis même surprise à zapper plusieurs fois au cours de cette soirée, cherchant désespérément à tromper ma lassitude et ma déception avec les programmes d’Arte, France 5 ou les chaînes d’information en continu. Bien loin d’une excitation générale exagérée et débitée par intermittences calibrées, je me suis dit que le Super Bowl ne m’y reprendrait plus de sitôt. Une grosse enveloppe et pas grand chose à l’intérieur ; voilà la définition que j’utiliserais pour synthétiser le Super Bowl le plus objectivement possible. D’autant qu’au moment d’éteindre ma télévision, je me suis rendu compte que la seule performance qui aurait mérité d’être saluée plus dignement par les caméras avait été honteusement squeezée. Les cheerleaders (traduisez pom-pom girls) de chaque équipe n’eurent droit qu’à quelques images et séquences faméliques tout au long de ce parcours du combattant (en un seul mot) made in USA. Décidément, ce Super Bowl ne fut que qu’un super boulet.
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