EN PIQUÉ
Dès mon arrivée sur le sable d’Estoril, il ne m’a pas lâchée d’un pas. Naïvement, je pensais qu’il était là pour mes beaux yeux. Ou alors, qu’il avait repéré le livre rangé dans mon sac de plage : Jonathan Livingston le goéland… et qu’il rendait ainsi hommage à l’œuvre de Richard Bach, écrivain et ancien pilote de l’armée de l’air américaine. Ou enfin, qu’ayant remarqué l’admiration que je portais à son plumage, il s’apprêtait à me faire découvrir la majesté de son ramage, attestant qu’il était le Phénix des hôtes de ces parages. D’une façon ou d’une autre, il devait en pincer pour ma jolie personne, sinon comment expliquer les cercles qu’il décrivait sans relâche autour de moi et de mon parasol ? Assurément, avec un tel garde du corps, je ne risquais pas grand chose. C’est donc le cœur léger et la démarche enjouée que je suis allée me baigner. À mon retour, mon prince charmant et mes illusions s’étaient envolés. Ne restait, sur ma serviette, qu’un sachet de chips éventré et soigneusement dépecé.