AVE CAÏUS JULIUS CAESAR
Il paraît qu’il est bi… Non, c’est pas vrai ! Si, un des plus grands bi de l’histoire… D’ailleurs, à bien y regarder, sous le stylet d’Uderzo et Gosciny, il a vraiment une tête de bi. Pire que dans “Une heure moins le quart avant J-C”, sous la toge de Michel Serrault. Hé oui ! Le plus grand des Jules, le plus grand des César : Caius Julius Caesar, alias Jules César, descendant de Vénus, déesse de l’amour (rien que ça), celui qui en fit baver à nos ancêtres gaulois, explora aussi “une pratique sexuelle indifféremment homosexuelle ou hétérosexuelle”. Telle est la définition de la bisexualité, chez les bipèdes ou chez les autres.
Séducteur parmi les séducteurs, César fit baver beaucoup de monde, tant côté femmes que côté hommes ! Marié à 16 ans, menacé de mort, le futur grand stratège dut se réfugier en Bithynie (et non pas en bikini ; il eut tout de même le temps de se saper décemment avant de déguerpir), auprès du roi Nicomède. Là-bas, il sauva sa tête mais mit en péril une autre partie de son anatomie, le monarque oriental n’étant pas insensible au charme du jeune patricien romain… qui ne lui aurait guère opposé de résistance. Selon Suétone (auteur romain des I et IIe siècle, connu pour son œuvre ‘’La vie des douze Césars’’, biographies de Jules César à Domitien) : César s’arrêta chez le roi Nicomède, à qui on le soupçonna de s’être prostitué. On le vit, peu de jours après, retourner en Bithynie, sous prétexte de faire payer une certaine somme, due à un affranchi, son client.
Cicéron le dépeint dans la chambre à coucher du roi, étendu sur un lit d’or, drapé de pourpre, souillant la fleur de sa jeunesse au contact de la Bith…ynie. Quand César évoqua devant le Sénat les faveurs de Nicomède, Cicéron lança : « Laissons cela, je t’en prie, on ne sait que trop bien ce qu’il t’a donné et ce que tu lui as donné toi-même. » Bibulus, autre homme politique de premier plan dans la Rome antique, alla jusqu’à l’affubler du titre de reine de la Bithynie. Lors de son triomphe sur les Gaules, les légionnaires accompagnant son char scandaient : « César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis César » et « Voici venir l’homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes ».
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Comme quoi on peut démarrer giton d’un roitelet turc et finir empereur des empereurs, en se tapant au passage la somptueuse Cléopâtre (avec tout de même 35 ans de différence d’âge). Nicomède de Bithynie fut-il plus bandant que Cléopâtre en bord de Nil ? Sur cela, le grand Jules ne pipa mot. Le plus étonnant dans cette histoire n’est pas la bisexualité proprement dite de César. A l’époque, la bisexualité était politiquement correcte pour un Romain philhelène (autrement dit qui apprécie la culture hellénique, et non qui file la laine ou qui enfile la belle Hélène). Certains empereurs se croyaient obligés d’afficher une bisexualité jupitérienne, à l’instar de Zeus cédant à Léda et à Ganymède, à la plus jolie des princesses et au plus mignon des bergers.
Non, à vrai dire, le plus stupéfiant est l’évocation d’un César passif dans un monde intensément phallocrate, où toute forme de passivité en amour constituait une preuve d’impudicitia, aussi grave pour un homme que l’adultère pour une femme. Il faut croire que l’incartade bithynienne ne porta pas atteinte à la virilité césarienne. Pas plus que sa coquetterie. Toujours selon Suétone, in Jules Cesar II : « Il attachait trop d’importance au soin de son corps. Non content de se faire tondre et raser de près, il se faisait encore épiler,et on le lui reprocha. Il supportait péniblement le désagrément d’être chauve, qui l’exposa maintes fois aux railleries de ses ennemis. De tous les honneurs que lui décernèrent le peuple et le sénat, aucun ne lui fut plus agréable que le droit de porter toujours une couronne de laurier. »
Sylla, homme d’état romain, avait prévenu : « Méfiez vous de ce jeune homme à la ceinture dénouée » (signe de négligente mollesse et d’efféminement). Veni, vidi, vici, lui répondit l’autre. Sentence exprimant la facilité et la rapidité d’un succès. À la guerre comme à la drague. La belle Cléo, également bi notoire en sut quelque chose, elle qui, en outre, se maria avec son frère Ptolémée XIV, plus pédé qu’un foc sur une transat en double. Un siècle plus tard, Néron y alla également de ses excentricités. S’exhibant en jupette dans les théâtres, castagnettes à l’air, trucidant mère, frère, et femmes, incendiant Rome, transformant les chrétiens en lampes à huile ou raviolis pour lions, il devint épouse soumise de l’un de ses favoris en jouant la jeune vierge effarouchée, avant de pousser le vice jusqu’à convoler avec un castrat à peine pubère.
Quand on pense que la semaine dernière, nous, Giovanna, princessa di Napoli e Campania, Delicia, reine des Arvernes et Carnutes, et Brigitte Boréale, trans impérator de Lutèce et Alésia, avons fini derrière les barreaux pour cause de démarche indolente et tuniques trop courtes sur l’appia publique, entre le Champ de Mars et l’Obélisque !
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Bibliographie :
Vie des Douze Césars (Suètone) 2007, Gallimard, Collection Folio.
Les plaisirs à Rome (Jean-Noël Robert) 1983, Les Belles Lettres.
Nos ancêtres les Romains (Roger Hanoune & John Scheid) 1993 Gallimard Découvertes
Eros Romain (Jean-Noël Robert) 1997, Les Belles Lettres.
Sauf que… Il n’a jamais été empereur.
Mince alors ! On nous aurait menti depuis deux millénaires ?