PAUL SIMON

80 YEARS !


Il est né le 13 octobre 1941 à Newark, dans le New Jersey (USA), et a formé, avec son compère Art Garfunkel, le duo le plus célèbre de la musique pop/folk occidentale. Aujourd’hui, Paul Simon souffle ses 80 bougies avec la même flamme qu’à ses débuts sur scène, dans les écoles de musique new-yorkaises, en 1956. J’ai tout de même eu un choc en découvrant l’une de ses photos, montrant un petit bonhomme à moitié chauve, avec des bonnes joues d’écureuil et un costard cravate plutôt strict. Pas sûr que j’eusse pu le reconnaître en le croisant dans la rue…


J’ai repensé à cette chanson, intitulée “The Boxer”, dans laquelle il brosse le portrait d’un pauvre gars laminé par la vie, les vaines paroles, les fausses promesses, les illusions passées et la solitude discrète, avec laquelle, tôt ou tard, on finit tous un jour par composer. Ce type prépare ses vêtements d’hiver, et souhaite rentrer tranquillement chez lui, loin de la grande cité, qui, sans cela, finirait par le saigner à blanc et le dessécher. Dans l’ultime couplet, le boxeur meurtri, portant en lui le souvenir de chaque gant l’ayant mis à terre, crie son désespoir, sa rage et sa honte. Son envie de jeter l’éponge, aussi : « Je m’en vais ! Je m’en vais ! ». Le dernier vers rectifie immédiatement cet élan : « Mais le combattant demeure. Oui, il est toujours là »… faisant écho à un autre credo, évoqué un peu plus tôt : « C’est quand même étrange, dans la vie, après tant de changements, on reste plus ou moins le même »…

Seule change peut-être la façon d’aborder les choses, de les combattre ou de les embrasser. Les années sont des alliées ou des dangers. À chacun d’en décider. À chacun de négocier. Paul Simon est un passeur de sentiments, un contrebandier du temps. Peu importe son apparence du moment, comme celle d’avant, il a rythmé, de par ses compositions, tant de bons moments, et de délicates émotions, que tout le reste ne revêt que peu d’importance.

À la fin de mes années lycée, je me souviens avoir été impressionnée par une autre de ses chansons : “Fifty Ways to Leave your Lover”. Je ne savais pas encore qu’il l’avait écrite suite à son divorce d’avec sa première femme, Peggy Harper, mais j’y avais décelé un trouble familier, une sorte de partage par anticipation. C’était l’époque où l’on quitte la famille pour l’université, celle où l’on fait semblant de devenir adulte, en sachant que l’on ne l’est pas tout à fait… et en se disant que l’on ne le sera peut-être jamais. C’est aussi la saison des premières liaisons véritables, qui nous émerveillent et nous effrayent en même temps. On ne sait pas encore qu’attendre vraiment de la vie et encore moins de l’amour. Comment s’engager sans tricher, se déclarer sans se renier, être ni trop sérieux, ni trop léger ? Comment se rapprocher ou s’éloigner, sans savoir quelle est la meilleure direction où aller ? Souvent, par lâcheté ou par peur de blesser, on laisse les choses se déliter. Malgré tout, certains sentiments ont la vie dure. Certaines amours ne nous quittent jamais, quand bien même les personnes elles-mêmes se sont quittées. Comme dans la chanson, on saute vers d’autres horizons, et on fait comme si. Comme si c’était du passé, comme si c’était réglé, comme si c’était oublié. Et, merveille de la vie, par hasard ou par bouffées, ce possible inachevé resurgit au gré de retrouvailles, de souvenirs ou d’inspirations qui le rendent encore plus fécond. On s’aperçoit alors que, s’il y a cinquante façons d’endormir ses belles histoires de cœur, il y a autant d’occasions de pouvoir les réveiller. Rien que pour cela, longue vie à toi, mon cher Paul.

50 Ways To Leave Your Lover
50 Façons De Quitter Ton Amie

“The problem is all inside your head”, she said to me.
“Le problème est entièrement dans ta tête”, me dit-elle.
“The answer is easy if you take it logically.
” La réponse est facile si tu fais appel à la logique.
I’d like to help you in your struggle to be free
J’aimerais t’aider dans tes efforts pour être libre.
There must be fifty ways to leave your lover”.
Il doit y avoir cinquante façons de quitter ton amie”.

She said “It’s really not my habit to intrude.
Elle dit “Ce n’est vraiment pas mon genre d’être indiscrète.
Furthermore, I hope my meaning won’t be lost or misconstrued.
De plus, j’espère que mon message ne sera pas perdu ou dévoyé.
So I’ll repeat myself, at the risk of being crude,
Donc je me répète, au risque d’être brutale,
There must be fifty ways to leave your lover.
Il doit y avoir 50 façons de quitter ton amie.
Fifty ways to leave your lover”.
Cinquante façons de quitter ton amie”.

Just slip out the back, Jack.
Éclipse-toi par derrière, Pierre.
Make a new plan, Stan.
Monte un nouveau plan, Jean.
Don’t need to be coy, Roy.
Pas besoin d’être timide, Hamid.
Just listen to me.
T’as qu’à m’écouter.
Hop on the bus, Gus.
Saute sur le bus, Gus.
Don’t need to discuss much.
Y a pas besoin de discuter des masses.
Just drop off the key, Lee.
Balance simplement la clé, Hervé.
And get yourself free.
Et sois libéré.

She said : “It grieves me so to see you in such pain.
Elle dit : ”Ça me fait tant de peine de te voir souffrir comme ça.
I wish there was something I could do to make you smile again”.
Si seulement il y avait quelque chose que je puisse faire pour que tu souries à nouveau”.
I said : “I appreciate that, and would you please explain
Je dis : “J’apprécie ce que tu fais, et est-ce que tu pourrais, s’il te plaît, expliquer
About the fifty ways ? “
Les cinquante façons ?
She said : “Why don’t we both just sleep on it tonight ?
Elle dit : ” Et si on passait une bonne nuit sur tout ça ?
And I believe that in the morning you’ll begin to see the light”.
Et je suis sûre que demain tu commenceras à y voir plus clair “.
And then she kissed me, and I realized she probably was right.
Alors elle m’a embrassé, et j’ai réalisé qu’elle avait sûrement raison.
There must be fifty ways to leave your lover.
Il doit y avoir 50 façons de quitter son amie.
Fifty ways to leave your lover.
Cinquante façons de quitter son amie.

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