INCONVENANCE JOURNALISTIQUE
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Quelques jours avant le second tour des élections présidentielles de 2022, Michel Onfray était invité sur le plateau de BFMTV. Face à lui se trouvait un exemple phénoménal de mauvaise foi, pour ne pas dire de malhonnêteté intellectuelle, en la personne d’Allopine de Mahbrele. Mille excuses par avance s’il m’arrive parfois d’écorcher les patronymes, mais c’est un de mes défauts. J’ai toujours eu un peu de mal à retenir les noms des personnes pour lesquelles je n’ai aucune estime. Récemment, j’ai revisionné ce grand moment de tartufferie journalistique et je n’ai pu résister à l’envie d’en faire une petite analyse de texte…
Dès les premières minutes de l’entretien, l’éditotorialiste donnait le ton : « Enfin, vous, vous êtes sacrément injurieux aussi ! », assénant cette contre-vérité à propos du livre de Michel Onfray intitulé “Foutriquet” et se rapportant à Emmanuel Macron. L’auteur eut beau lui démontrer par A+B, et même X+Y+Z, qu’il ne s’agissait nullement d’une injure, mais d’une référence historique, clairement expliquée tout au long de son ouvrage, y compris sur la quatrième de couverture, la mégère du paf ne voulut pas en démordre. Elle revint à la charge plusieurs fois en campant sur sa position, utilisant à nouveau le mot injure. Le philosophe lui rappela l’origine de ce sobriquet, dont les communards avaient affublé Adolphe Thiers, également surnommé “le boucher de la commune”. Ce dernier terme fut ajouté gans la conversation par l’intervieweuse elle-même. Michel Onfray acquiesça. Que fit alors la journaleuse à la pensée torve ? Elle lui coupa la parole pour dégainer cette question perverse : « Est-ce que vous diriez d’Emmanuel Macron que c’est un boucher ? ». Non seulement c’était elle qui avait introduit ce mot, beaucoup plus fort que “foutriquet”, mais elle chercha à le refiler aussitôt à son interlocuteur dans le but de le faire basculer vers un propos pour le coup nettement plus injurieux vis à vis du président. La perfidie à l’état pur. Pas dupe, Michel Onfray lui fit simplement remarquer qu’elle venait de l’interrompre alors qu’il était en train de répondre à sa question, et reprit son développement avec davantage de hauteur. Il se paya même le luxe de filer la métaphore Thiers/Macron jusqu’à la conclusion de sa démonstration. Une finesse qui échappa à notre chère Allopine, ancrée dans sa mauvaise foi, employant le qualificatif “acide” (qui lui va si bien) pour revenir sur la notion d’injure, prouvant par la même qu’elle n’avait rien écouté ni compris (ou voulu comprendre) de ce qui lui avait été expliqué en détail.
Passons sur les différentes relances inutiles et énervantes de l’intervieweuse, qui ne se rendit même pas compte de ses contradictions. Michel Onfray lui claqua quelques taquets oratoires, faisant notamment remarquer l’incohérence de prétendre que Marine Le Pen ne change pas tout en disant qu’elle est coupable de trahison. Allopine tenta ensuite d’emmener son invité sur le terrain des étudiants révolutionnaires, l’incitant à affirmer qu’il les soutenait, alors qu’elle venait d’indiquer, au détour d’une remarque empoisonnée, que ces ”poignées” d’étudiants s’étaient appuyés sur le saccage de l’université de la Sorbonne. L’écrivain évita le piège en précisant qu’il ne cautionnait pas cette forme de violence, mais en dédouanant également les auteurs de certains excès eu égard à leur jeunesse et leur impulsivité. Réponse de l’experte en malhonnêteté : « Vous avez une aversion pour la jeunesse » ! Dit sur un ton mi-affirmatif mi interrogatif, cette phrase demeure grossièrement incorrecte, sous quelque angle que l’on l’analyse. Le passé d’enseignant et l’œuvre du philosophe suffisent à la contredire. Allopine chercha alors à se rattraper aux branches de sa duplicité en renvoyant la critique sur la jeunesse de Macron. Nouvelle parade-riposte étincelante de Michel Onfray, qui pointa la nuance entre jeunesse et jeunisme. Pas sûr que le distinguo fut reçu de l’autre côté de la table. Il fut pourtant suivi d’un brillant argumentaire sur l’éducation et la transmission du savoir. Comme d’hab, celle qui n’écoute pas changea de sujet. Elle parla de logiques des médias, de logiques des discours… des termes qui ne veulent strictement rien dire. Michel Onfray, qui eut décidément bien de la patience, le lui fit remarquer et tenta, pour la énième fois, d’élever le débat. Peine perdue.
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Flagorneuse comme elle sait aussi l’être – elle a décidément toutes les qualités – Allopine passa un petit coup de cirage sur les pompes de son interlocuteur, notant qu’il est un des auteurs les plus vendus, en France comme à l’étranger. Elle essaya de lui faire dire qu’il est rebelle. « Je ne suis pas dupe », lui répondit textuellement Michel Onfray. L’enchaînement suivant valut son pesant de cacahuètes. Furent abordés les soutiens des divers candidats. Préambule d’Allopine : « On l’a vu cette semaine : les artistes, les sportifs… appellent à faire battre Marine Le Pen…». Rectification de Michel Onfray : « Des artistes, des sportifs…». Réaction d’Allopine : « Ça veut dire quoi quand vous me dites tout de suite DES sportifs ? Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ceux qui se taisent (…) Est-ce que vous estimez que ceux qui ne parlent pas ne veulent pas prendre parti pour Macron ? ». Retour de service cinglant du philosophe : « Est-ce que vous ne voulez pas voir la différence entre LES et DES ? »… Brasse coulée d’Allopine : « Si, si, au contraire… Dites-moi justement ce que vous voulez dire derrière. »
Encore aujourd’hui, je n’en suis pas revenue ! Cette répartie est d’une absurdité totale. Le « Si, si, au contraire » à lui seul est une ineptie abyssale. La phrase suivante : « Dites-moi justement ce que vous voulez dire derrière. » est encore plus stupide et démontre surtout la pataugeoire verbale dans laquelle s’enfonce notre commère. La question précédente est pourtant d’une telle limpidité. Elle se suffit à elle-même. Nul besoin de réponse. La différence entre les et des ! Articles définis et indéfinis, programme de l’école primaire. Enferrée dans ses réflexes verbaux primaires et son style agressif à la Jean-Jacques Bourdin, notre pauvre Allopine ne prit même conscience, sur le moment, de sa médiocrité. À trop vouloir faire trébucher son contradicteur, elle venait de se ramasser un de ces gadins retentissants, une de ces gamelles monumentales qui marquent les esprits. Voilà ce qui arrive lorsque l’on dit n’importe quoi devant quelqu’un qui n’est pas n’importe qui. Michel Onfray enfonça le clou en demandant : « Je suis obligé d’expliquer ? Bon… Je veux bien… C’est un peu dommage mais… » Bim ! Et re-Bim dans la tronche de la péronnelle du PAF ! C’est ce qui s’appelle avoir le nez dans sa mouise. Faire semblant de griffonner quelque chose fut la seule échappatoire qu’Allopine trouva pour se donner une contenance, tactique dérisoire dans ce grand moment d’inaptitude à la joute verbale.
Plus l’entretien se prolongeait, plus le philosophe s’exprimait avec brio et plus la harpie des médias perdait pied. Cette dernière se fit reprendre de volée quasiment sur chaque intervention. Elle ne pouvait, comme nombre de ses confrères et consœurs, s’empêcher d’interrompre à tout bout de champ son interlocuteur, pour un apport idéologique proche de zéro. Ses prises de parole inappropriées ne firent que souligner une différence de niveau écrasante, tant sur le fond et que sur la forme. M’est revenu en mémoire un fiasco similaire. Fin avril 2020, cette soi-disant professionnelle des médias s’était déjà ridiculisée face au professeur Didier Raoult. Même arrogance, même fourberie, même vanité, même malhonnêteté intellectuelle… Visiblement, cela ne l’a pas vacciné. Ce qui est réconfortant avec les attitudes méprisables, c’est qu’elles finissent toujours par revenir en boomerang sur ceux et celles qui les génèrent. Allopine de Mabrele est assurément un exemple vivant de ce que le journalisme actuel a de plus laid à proposer au grand public. Pour cela, et probablement rien d’autre, elle restera longtemps dans les annales de la télévision. Au plus profond des annales.