REALLY STUNNING !
*****
Really stunning… Époustouflant ! Véritablement époustouflants, ce style et cette élégance dans l’exécution d’un exercice auquel toutes les petites filles se sont essayées un jour, mais que de rares adultes parviennent à maîtriser au point de le transformer en un art véritable. Plus jeune, Lauren n’était pas spécialement une experte en la matière. Née en 1992 à St Albans, dans le Hertfordshire, un comté d’Angleterre situé au nord de Londres, rien ne la prédestinait à une ascension aussi fulgurante dans une discipline sportive encore méconnue, mais ô combien exigeante. Un événement imprévisible, qui s’avéra néfaste pour bien des gens dans le monde entier, fit basculer l’existence de Lauren du bon côté de la nécessité.
En novembre 2019, à Wuhan, capitale de la province du Hubei, en Chine, apparait une maladie infectieuse émergente. Dans cette grande métropole de 9 millions d’habitants, dont la base industrielle est la sidérurgie et l’automobile, mais qui abrite aussi un institut de virologie doté d’un laboratoire P4 (“pathogène de classe 4”, autrement dit à haut risque, car susceptible d’abriter des micro-organismes responsables de graves maladies infectieuses), les contaminations se multiplient. Le fautif est rapidement identifié. Il se nomme coronavirus SARS-CoV-2, ou Covid-19. Une première vague de décès inquiète l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), qui alerte la république populaire de Chine. Cette dernière semble davantage vouloir minimiser les choses et étouffer l’affaire. L’information filtre tout de même hors de ses frontières, mais peu de pays s’inquiètent sérieusement de la situation. Certains scientifiques parlent de “grippette”. L’épidémie s’aggrave et le 30 janvier 2020, l’OMS prononce “l’état d’urgence de santé publique de portée internationale”. Le 11 mars 2020, l’épidémie de Covid-19 est déclarée pandémie, une requalification qui implique que la population mondiale est menacée. Afin de freiner la contagion, et la saturation des services de soins intensifs, des mesures de protection essentielles sont instaurées. Désinfection, hygiène préventive, quarantaine, couvre-feu, confinement… ces directives changent la donne du tout au tout. Leurs conséquences économiques et sociales frappent de plein fouet des millions de personnes dans tous les pays.
*
.
En Angleterre, Lauren menait jusque là une petite vie tranquille et anonyme de directrice des ventes. Elle se déplaçait souvent pour assurer le suivi de ses clients, dans un secteur commercial qui ne la passionnait pas plus que cela, mais qui assurait une stabilité financière. À ses heures de loisirs, elle fréquentait les salles de sport et de fitness, à la fois pour entretenir sa forme physique et son équilibre psychologique. Du jour au lendemain, tout s’effondrait. Le chômage partiel, le spectre du licenciement, la diminution des ressources financières, la privation de relations sociales et de loisirs collectifs… tout se liguait contre elle. Les salles de sport étant fermées, cette fana de gym et d’entrainement sportif ne pouvait même plus aller décompresser dans ses refuges favoris. Que pouvait-il encore lui arriver de pire ? Alors que d’autres sombraient dans la neurasthénie ou se réfugiaient dans la télévision et l’internet, Lauren se mit à sauter ! Elle acheta une corde à sauter, enfila ses baskets et ses leggings, et se mit à sauter à tout bout de champ. Dans son salon, sur sa terrasse, dans son jardin, devant sa glace, dans son garage, elle sautait. À l’instar d’un célèbre personnage de cinéma, dont la jeune amie lui cria un jour : « Cours, Forrest, Cours ! », une petite voix intérieure lui conseilla d’insister, puis d’accélérer la cadence : « Saute, Lauren, saute ! ». Les débuts ne furent pas très encourageants. De l’aveu même de la jeune femme, elle eut l’impression d’avoir la grâce et la légèreté d’un éléphant. Mais elle s’entêta. Elle alla surfer sur le net afin de dénicher des conseils techniques et des modèles artistiques. Elle visionna les performances des championnes à imiter. Elle multiplia les heures de pratique, enchaîna les exercices rébarbatifs, les moments d’exaltation et de découragement. Elle avait parfois l’impression de ne pas progresser assez vite, mais, confusément, elle sentait qu’elle tenait là quelque chose d’important, de motivant, de vital.
*
*
Lorsque la pandémie se mit enfin à donner quelques signes de fatigue et qu’un semblant de normalité ouvrit à nouveau les portes des entreprises, Lauren reprit son travail de directrice des ventes, mais elle brûlait désormais d’un autre feu. Les horaires de bureau et les routines commerciales la ligotaient de toute part alors que, paradoxe suprême, la corde la libérait totalement. Un aménagement à temps partiel n’était même plus envisageable. Elle largua définitivement les amarres avec sa vie d’avant Covid. Outre les entraînements de forçat qu’elle s’était imposé, et qui, au bout de deux ans, lui avait procuré une aisance technique indéniable, elle s’était attelée à chercher et affiner une signature artistique. Mettre au point des enchaînements fluides et harmonieux, les concocter dans une sorte de chorégraphie dynamique, ou de dynamique chorégraphique, fut une nouvelle étape gratifiante. Encore fallait-il rentabiliser cette passion et faire de ce hobby un “full-time job” qui débouche sur une carrière lucrative. En jeune trentenaire qui se respecte et vit avec son temps, Lauren se tourna tout naturellement vers les nouveaux médias et les réseaux sociaux. Son compte Instagram ne tarda pas à dépasser le million de followers, idem sur tik tok. Sa courbe de notoriété monta en flèche. Elle affiche aujourd’hui une progression constante sur Facebook et YouTube. En 2023, les partenariats et les contrats marketing d’influence lui assurent des revenus et une indépendance financière qui n’ont aucune commune mesure avec ceux générés par sa situation antérieure. Elle gère son propre business et réinvestit les bénéfices judicieusement. Elle vient de lancer sa gamme d’articles de sport, tels que cordes à sauter, tapis de sol, soquettes, poignées de cordes, etc… Bye bye la corde raide du découvert et welcome la corde à faire sauter la banque !
*
*
Pour autant, Lauren n’en a pas fini avec ses nouveaux objectifs. Elle s’est désormais fixé une mission supplémentaire : inciter un maximum de personnes à découvrir et pratiquer sa discipline. Aux USA, les compétitions de skipping rope, ou jump rope, sont très prisées. Ce mélange de performance sportive et de création artistique, à l’image du patinage artistique, demeure encore confidentiel en Europe. La discipline est pourtant très structurée au niveau mondial, avec la IJRU (International Jump Rope Union), qui organise des compétitions et championnats de très haut niveau. Sans doute a-t-elle besoin d’ambassadeurs et d’ambassadrices charismatiques afin de franchir un cap auprès du grand public. Lauren en fait assurément partie. Sollicitée par les organisateurs de compétitions et les producteurs d’émissions télévisées, elles diffuse elle-même de nombreux contenus en postant presque quotidiennement ses vidéos, dont certaines sont vraiment sensationnelles. La voir évoluer est un ravissement pour les yeux… et les oreilles, lorsqu’en prime, ses évolutions stylées sont montées sur des musiques entraînantes. Ses chassés-croisés au niveau des bras et des jambes donnent le tournis. Ses lâchers de corde (et leurs rattrapages à une main) sont bluffants, de même ses déplacements avant-arrière, ses rotations en rythme, ses enchaînements millimétrés, ses improvisations stupéfiantes, ses coordinations hanche/genou/cheville, ses accélérations fringantes, qui rappellent parfois certains pas de shuffle dance, le tout électrisé par une corde dont les cadences, lentes ou rapides, sont déroutantes. Cette corde qui virevolte autour d’elle la nimbe d’une aura quasi-surnaturelle. On ne comprend pas comment ce qu’elle réalise est possible, d’autant qu’elle exécute ses ballets fouettés avec un grand sourire et une apparente facilité. Au bout d’un moment, on ne cherche plus à déchiffrer ce que l’on voit. On se dit qu’elle accomplit ce miracle permanent par l’opération du sain de corps et d’esprit. Et qu’on en voudrait encore et encore.
*
*
Un dernier détail, aussi éloquent que singulier, vient se nicher dans le patronyme de cette championne hors norme, qui n’a pas hésité à faire le grand saut dans l’inconnu pour s’envoler vers sa passion. Elle se nomme Lauren Flyman ! Certains ont cru un temps qu’il s’agissait d’un pseudonyme tant cette athlète aérienne défie les lois de la pesanteur et de la synchronisation. Et je veux bien me pendre à sa corde si un jour, le plus lointain possible, il m’était donné de pouvoir me réincarner dans une enveloppe charnelle et spirituelle aussi attachante. En attendant, pour ceux et celles qui voudraient en admirer davantage, sa chaîne YouTube et ses publications tik tok sont vivement recommandées.
En voici deux exemples parmi mes préférés :
*
*
En ses tableaux excelle Brigitte à nous faire découvrir les talents des autres tout en étalant le sien, qui est de si bien écrire sans jamais ennuyer, et même, si souvent, de susciter l’enthousiasme.
Qui fait cela, en ces jours amers ?
Bonjour Gobelin. Vous le faites assurément aussi. Merci.
Cordialement
Bonjour Brigitte. Votre description est aussi agréable à lire que les prestations de Lauren.
Immense merci et tous mes vœux de prospérité.
Cordialement.
Merci de votre message. Il fait partie des gratifications qui motivent et encouragent à écrire, à partager, à lancer des passerelles et des liens vers les personnes de même sensibilité. Encore une histoire de cordes… qui relient et rallient au travers d’intérêts communs et d’aventures humaines.