PALMIPÈDE EMPATHIQUE

PIERRE QUI ROULE

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On peut penser ce qu’on veut du cas Pierre Palmade, le comprendre sans l’excuser ou l’excuser sans le comprendre. On peut le traiter de bourreau ou de victime, en sachant que la limite est parfois ténue entre les deux. On peut réagir selon son vécu personnel ou son ressenti du moment, mais ce qui est particulièrement dérangeant, ce sont les réactions auxquelles on peut assister en marge de cet accident tragique, notamment cette histoire d’images pédopornographiques que l’artiste détiendrait dans son ordinateur. Quelle est la motivation première de l’individu qui est allé voir la police pour témoigner spontanément et proférer cette accusation ? Vraisemblablement, il a fait partie des intimes, ou au moins des invités privilégiés qui ont participé aux soirées de l’humoriste (et était peut-être bien content d’y être convié). Il a pris part à ce visionnage, a partagé ce moment particulier. Certains diront qu’à ce titre, il a même fait preuve d’une certaine complicité. Pourquoi s’en offusquer après coup et s’épancher sur le sujet aujourd’hui ? Pour alourdir une charrette déjà bien plombée et enfoncer le clou sur une croix qui sera, de toute façon, bien lourde à porter ? Quel qu’il soit, le désir de participer à la curée m’a toujours paru détestable. L’effet de meute est d’autant plus fort qu’il s’attaque aux plus faibles. Les réseaux dits sociaux, avec leurs cohortes de réflexes primaires et sentences triviales, toujours sous couvert d’anonymat, l’accentue souvent de façon bête et méchante. Le Canard Enchaîné de cette semaine résume bien la situation avec cette vignette humoristique éloquente. Il est peut-être l’un des seuls médias à évoquer la question sans jeter la énième pierre à Palmade.

3 thoughts on “PALMIPÈDE EMPATHIQUE

  1. Sujet délicat…on sait ce qu’il en advient dès lors qu’on donne un os à ronger aux médias, les vautours arrivent sans tarder afin de quémander leur quart d’heure de gloriole, idem pour les ”amis” de la célébrité clouée au pilori et jetée à la vindicte populaire, l’ami qui filmait Palmade visionnant du contenu illicite avait probablement pour projet d’utiliser ce film à des fins pas très catholiques un jour ou l’autre, s’il avait été à ce point choqué de la scène il aurait été voir la police dans l’heure il me semble…mais non, c’est tellement plus excitant de tirer sur une ambulance…
    Oui il y a des victimes et c’est tout à fait regrettable mais le responsable de l’accident est aussi une victime de lui-même et c’est sûrement la pire des sanctions, toute cette histoire donne la gerbe du début à la fin y compris le traitement qu’on en fait et la récupération du bon peuple qui, on le sait tous, n’a jamais conduit de sa vie avec un verre de trop ou un joint de trop ni un sniff de trop, mais on adore brûler les idoles, c’est follement excitant….

  2. Bonjour – intéressant propos de Olivier Delacroix “estimant qu’il y a aussi une part d’homophobie dans cette affaire : «Bien évidemment, il y a quelque chose de cet ordre, on ne peut que le constater et moi, ça me fait peur. Ce qui me fait peur c’est l’hystérie de cette société où finalement les règles de la démocratie et du jeu des réseaux sociaux permettent à n’importe qui de donner son avis et de condamner».
    https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/actu-tele/je-vois-quelque-chose-d-indecent-olivier-delacroix-fustige-le-silence-des-proches-de-pierre-palmade-20230302

  3. Très bel article, réflexion et commentaires.
    Comme le chantait si bien le groupe Trust :
    “On lèche, on lâche, on lynche”.
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    C’est si pratique et surtout si utile d’avoir à jeter un providentiel os à rogner pour s’en servir de diversion à ceux qui sans cela risqueraient d’être tentés d’oser divulguer d’autres situations bien plus scandaleuses mettant en cause le pouvoir des lobbys à notre encontre via leurs marionnettes étatiques.
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    L’effet de meute est toujours aussi désolant et révoltant car ne s’appliquant, sans doute par atavisme, qu’envers les plus vulnérables et jamais à l’encontre de celles et ceux en pleine capacité de se défendre, risqueraient fort d’étaler leurs agresseurs.
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    ” Forts avec les faibles ; Veules avec les puissants “,
    tels semblent être nos gênes de prédateurs d’œufs, s’oisillons, de veaux, d’agneaux et de proies blessées, malades ou isolées.
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    Voilà pourquoi, au lieu d’attirer des réactions altruistes ou compassionnelles, il s’avère le plus souvent fatal, (si ce n’est dans le but d’appliquer les martiales leçons de “L’Art de la Guerre” de Sun Tzu), d’oser ne serait-ce que simuler ou révéler la moindre faiblesse dans ce monde anti-fragiles qu’est ce panier de crabes ou cette mare à piranhas, taillée sur mesure par et pour ses pires des prédateurs.

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