LES MMA AU SECOURS DES DIVAS

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Le 26 février dernier, à Wheeling, petite ville de Virginie Occidentale (USA), un spectacle de dragqueens dut être annulé suite à des menaces et des intimidations proférées à l’encontre des artistes et des spectateurs qui avaient prévu de participer à cet événement. Si, dans un premier temps, les auteurs de ces menaces ont cru avoir gagné la partie, ils ont rapidement dû déchanter lorsqu’un soutien inattendu s’est porté au secours des victimes de l’odieux chantage.

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Ayant appris la nouvelle par les médias, Johnny Haught, propriétaire d’un centre d’arts martiaux dans la vallée de l’Ohio, a immédiatement proposé ses services afin de lutter contre cette injustice et tous ceux qui veulent imposer ce régime de la terreur. Il précise : « Un spectacle de dragqueens ou de travestis n’est pas plus offensant qu’une comédie de Broadway ou qu’un spectacle de stand-up. En fait, c’est un mélange des deux. C’est un divertissement. Cela ne fait nullement partie d’un programme honteux ou caché, comme certains voudraient le faire croire. ». Ohio Valley MMA, l’école qu’il dirige, est un centre d’entraînement MMA (Arts Martiaux Mixtes). Le MMA est un sport de combat complet, associant pugilat et lutte, avec le recours à des techniques de percussion (coups de pied, de poing, de genou, de coude…) et des techniques de préhension (corps à corps, projections, étranglements, clés, soumissions…). Inutile de dire que ces combattants ne font pas dans la dentelle. Plusieurs d’entre eux ont adhéré avec enthousiasme à l’idée de défendre la dragqueen et l’opprimé. Ils ont mis en ligne leur engagement solidaire sur Facebook et ont invité les anti-LGBT à venir directement en découdre avec eux. L’adresse et le numéro de téléphone du club ont été publiés en complément. Un correspondant manifestement bas du plafond, pensant que Johnny Haught faisait partie de la troupe dragqueen, a laissé un message anonyme lui conseillant de ne pas participer à ce genre d’événement. Johnny a répondu avec humour : « L’homme qui a laissé ce message vocal m’a fait le plus grand compliment. Malheureusement, bien que j’aie des jambes et un cul formidables, je n’ai pas les compétences en maquillage pour participer à un spectacle de drag queens. ». En revanche, une petite exhibition sur un ring ne serait pas pour lui déplaire. Mais, à ce jour, aucun opposant ne s’est ouvertement déclaré, et n’a été candidat à une petite danse en sa compagnie.…

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Les haters, bien planqués derrière leurs écrans, lettres et appels anonymes, ou les machos qui jouent les gros caïds devant tout ce qui porte minijupes et talons hauts, mais qui la ramènent beaucoup moins lorsqu’ils ont devant eux 90 kg de muscles forgés aux arts martiaux, sont malheureusement encore trop nombreux aux USA. En 2022, la GLAAD (Alliance gay et lesbienne contre la diffamation), association américaine de veille médiatique dénonçant au sein des médias les discriminations et attaques contre les personnes LGBT, a recensé 141 incidents inquiétants (voir carte ci-dessous), allant des menaces verbales et fake news anti-LGBTQ aux agressions physiques et destructions de lieux ciblés. Certains médias de droite se plaisent à jeter de l’huile sur le feu et à attiser la haine. La chaîne de télévision Fox News, le site d’information conservateur Daily Wire, des comptes de médias sociaux comme LibsOfTikTok, déforment et dénigrent systématiquement les événements dragqueens, ainsi que la population transgenre, invoquant un caractère immoral et dangereux pour les enfants.

Une analyse de Media Matters dénonce cette désinformation croissante très préoccupante à propos des dragqueens. Deux tristes sires sont particulièrement actifs dans cette campagne odieuse. L’animateur de télévision Tucker Carlson profère régulièrement des affirmations mensongères sur Fox News (par exemple, que les dragqueens “veulent sexualiser les enfants”). L’aboyeur de la droite religieuse Matt Walsh, profite de sa tribune au Daily Wire pour exhorter la police à “enfoncer les portes” des clubs LGBTQ et à arrêter les dragqueens. Parfois, le ciblage est repris en boucle, salissant un événement avant qu’il n’ait lieu, et le diffamant ensuite. En juin, LibsOfTikTok s’est attaqué à la “Pride In The Park” de Couer D’Alene, dans l’Idaho, affirmant qu’une “soirée dragqueen familiale” était promue par le Temple satanique de l’Idaho. Le compte a également partagé une vidéo trafiquée d’un travesti et dénoncé un attentat à la pudeur, inventé de toutes pièces, durant le spectacle. Résultat : la police a dû gérer des troubles sérieux (arrestation de 31 manifestants anti-LGBTQ) et un procès a été intenté au compte LibsOfTikTok. Ce dernier a été suspendu par Twitter en septembre, un lien ayant été établi entre les messages qu’il diffusait et des alertes à la bombe contre des hôpitaux pour enfants qui prodiguent des soins adaptés aux jeunes transgenres.

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Aussi alarmante soit-elle, la situation n’est pas désespérée. De nombreuses collectivités et personnalités œuvrent de façon plus vertueuse et travaillent à rééquilibrer les choses, que ce soit en Amérique, en Europe ou sur d’autres continents. « C’est louable, me disait une amie brésilienne, mais comment lutter contre une telle malhonnêteté, contre une telle méchanceté, contre un tel acharnement ? Les gens bien intentionnés ont toujours un double handicap face aux gens mal intentionnés ; ils ont une conscience et ils respectent des règles. ». Perplexe, et redoutant un discours défaitiste, je rétorquai qu’il valait mieux être en accord avec sa conscience et croire en des idées humanistes afin de changer les mentalités en profondeur, quelles que soient les méthodes et la nature de l’opposition. Sa réponse fut cinglante : « Pas besoin de se torturer les méninges pendant 107 ans. Quelle que soit l’opposition, la solution pour changer les choses en profondeur, moi je la connais : c’est le MMA ! ».