MISS – LE FILM

COMÉDIE MÉLANCOMIQUE

Ce dimanche soir à 21h10 (mais il sera encore disponible gratuitement en replay jusqu’au 2 avril), France 2 diffuse le film “Miss”, tourné en 2019 et sorti en 2020. Le synopsis est le suivant : Depuis qu’il est enfant, Alex Dufresnoy ne rêve que d’une chose ; devenir Miss France. Ayant perdu accidentellement ses parents, il vit sous l’aile protectrice de Yolande, gérante d’un loft insolite qui accueille une communauté pour le moins atypique. S’y croisent les petites mains d’un atelier de couture, des dealers, et Lola, un travesti qui officie au bois de Boulogne. Alex trouve une seconde famille dans cet environnement aussi original que bienveillant. Il a l’impression de ne pas faire grand chose de sa vie, mais son rêve d’enfant est toujours présent. Ses colocataires et un ami d’enfance devenu champion de boxe décident alors de l’aider à le concrétiser…

Thibault de Montalembert, dans le rôle de Lola, et Isabelle Nanty dans celui de Yolande, y campent des personnages attachants, beaucoup moins caricaturaux qu’il n’y paraît à première vue, et pas si simples à développer sur la bonne longueur d’ondes sentimentale. Alex Wetter, qui endosse le rôle principal, est tout bonnement renversant. Son esthétique féminine (à ce stade, on ne peut plus parler d’androgynie), sa sensibilité exacerbée, sa force fragile, sa capacité à faire d’un rêve une réalité et son jeu de scène délicat, dans un registre qui peut recéler de nombreux pièges, ont donné du corps et de l’esprit à l’héroïne du film. De sa licence d’arts plastiques à ce premier grand rôle dans le cinéma, en passant par le mannequinat homme/femme (notamment pour Jean-Paul Gaultier, en 2016), la publicité, la télévision (le téléfilm “Rouge Sang” et la série “Versailles”), Alex surfe déjà sur un joli parcours qui ne demande qu’à être étoffé dans les années à venir.

Après “La Cage Dorée” en 2013, “Miss” est le second long métrage réalisé par Ruben Alves. Comédien, scénariste et réalisateur, ce jeune quadra luso-français a concocté avec “Miss” une œuvre à la fois émouvante et divertissante. C’est une comédie mélancomique. L’identité de genre y est certes abordée par le biais de la fiction, mais plusieurs séquences sont de nature à motiver une véritable réflexion sur le fond de la question. Acteur lui-même, avec une vingtaine d’interprétations à son actif (longs métrages, séries télévisées et courts métrages), il a mis en scène, dans cette ode à l’ambiguïté, une humanité qui fait cruellement défaut dans la réalité. Journaliste à La Voix du Nord, Christophe Caron indique : « Le postulat est acrobatique, mais Ruben Alves signe une fable sensible qui interroge la notion de féminité ». Il y a bien eu quelques pisse-vinaigre pour chercher des aspects transphobes ou sectaires là où il n’y en avait pas, mais ces critiques sont quantité négligeable. On leur demanderait de commenter Blanche Neige qu’ils y verraient une stigmatisation anti-black, un recours malsain aux personnes de petite taille et aux pommes non bio ! Le seul avis qui compte réellement est celui de public, et il suffit de se balader sur la page “critiques spectateurs” du site internet Allociné pour se rendre compte que la majorité des gens qui sont allés le voir en salle ont apprécié ce film.

Pour conclure, il est bon d’ajouter un petit mot sur la cuisine interne du tournage. Y ayant pris part avec plusieurs amies transgenres, à un modeste niveau de figurantes, nous avons été frappées par une ambiance chaleureuse et altruiste peu commune. Ruben Alves a été d’une disponibilité et d’une générosité de tous les instants. Thibault de Montalembert, grand comédien de théâtre et acteur à la filmographie impressionnante, nous a accueilli à sa table avec une sincérité et une sollicitude inouïes. Que ce soit en loge maquillage, sur le plateau, sous le chapiteau cantine, ou lors des prises de vue extérieures en plein Bois de Boulogne, il régnait une ambiance bon enfant et une solidarité permanente. On pouvait s’exprimer et échanger librement. Il n’y avait aucune barrière entre professionnels de l’audiovisuel ou non. L’ouverture d’esprit était totale, de même que l’acceptation des différences, un des objectifs premiers de ce film, qui, je l’espère, pourra être partagé avec le plus grand nombre ce soir. Là est finalement l’essentiel.

De gauche à droite : Giovanna Magrini, Thibault de Montalembert, Brigitte Boréale, Ruben Alves (le réalisateur), Alex Wetter, Samantha Nicacio, Vania Punchy, Mélanie Legrand.

One thought on “MISS – LE FILM

  1. Mélancomique est le bon mot , le film fait rire et pleurer d’émotion. Merci, chère Brigitte, de nous l’avoir signalé d’urgence et éclairé de tes connaissances . Le jeu d’Alex, expressif et délicat, celui de Thibault, pourtant bien loin de ses rôles classiques, celui des autres acteurs, sont justes. Et ce n’est pas un film de propagande.

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