APTUS RADIUS
…
Dans la pièce où je travaille, un canapé est installé à côté de mon bureau et de mes ordinateurs. Il est le témoin silencieux de mes longues nuits d’écriture. Je m’y suis déjà affalée, exténuée mais ravie du travail accompli. Il a déjà servi de desserte, enseveli sous les livres, les costumes de scène ou les sacs de voyage. Il a pu être aussi, en certaines circonstances inavouables, le complice d’acrobaties scabreuses que la morale réprouve, mais il ne m’a jamais fait faux bond… jusque avant hier. Sur une étagère fixée en hauteur, juste au dessus de lui, sont alignés des dictionnaires et des dossiers de presse que je consulte plus rarement que les autres. J’ai voulu me saisir rapidement de l’un d’eux et, pour ce faire, ai escaladé le canapé, geste que j’ai accompli maintes fois sans le moindre problème, y compris en talons aiguille, mais cette fois, pour une raison véritablement inexplicable, une chose étrange s’est produite. Le clic-clac silencieux s’est sournoisement dérobé sous mes pieds nus et s’est métamorphosé en cric-crac retentissant.
Triple salto arrière du haut du canapé avec rebond chorégraphié sur le bureau et atterrissage forcé sur le parquet vitrifié… Note technique du saut en lui-même : 19/20. Note artistique du rebond stylisé : 18/20. Note pondérée de la réception au sol : – 5/20. Résultat final du concours : un accessit remarqué aux urgences de l’hôpital Saint Antoine de Paris. Nom de code : Aptus Radius… qui désigne à la fois l’opération chirurgicale qui a suivi et la plaque en titane désormais fixée à l’intérieur de mon bras. Les mauvaises langues diront que je n’y suis pas allé de main morte et que je suis tombée de haut. Elles n’auront pas vraiment tort. Le rythme de mes productions écrites (de la main gauche) risque fort de s’en trouver quelque peu affecté ces prochains jours. Je promets de faire mieux la prochaine fois.
Bon rétablissement Brigitte !
Merci chère Fanny. Quand je pense à tous les longs courriers que tu as assurés sans le moindre problème… j’ai honte de mon petit vol plané domestique sur 2 mètres à peine ! Il faudra vraiment que tu m’apprennes un jour à parfaire ma technique d’atterrissage.
J’espère que tu vas mieux…
Dis donc… quel malheur ! Un accident domestique indésirable !
Bon courage et bon rétablissement.
Quel style ! Un véritable artiste !
Si tu as besoin d’une main pour faire tes courses, fais moi signe
Bon rétablissement !
Merci à toi. Je sais qu’entre artistes cascadeurs de la même sensibilité, on peut compter sur une véritable solidarité.
Meilleurs vœux de rétablissement et bon usage de la vocalisation sur portable…
Merci à toi et je crois qu’effectivement, la vocalisation va être indispensable.
Je te souhaite un prompt rétablissement. Bisous.
(de la main gauche) risque fort de s’en trouvER quelque peu affectéES ces prochains jours. Je promets de faire mieux la prochaine fois.
Visiblement le cerveau aussi s’est pris une pile ( t’étais la meilleure en orthographe Brigitte )
Cher Denis,
Je reconnais bien là cette sollicitude des vrais amis, toujours prête à leur porter secours et à pourfendre leurs faiblesses pour mieux abréger leurs tourments au plus fort de leur détresse. Tu pointes, dans mon avant-dernière phrase, deux fautes de français en sous-entendant que mon cerveau a également trinqué dans la bagarre. Tu ne peux savoir à quel point tu as failli avoir raison, et pourquoi, à quelques centimètres près, je n’aurais pu te répondre aujourd’hui. Mais allons plutôt de l’avant. Mea culpa pour trouvER, que j’avais écrit trouvé. Il s’agit bien d’un infinitif et non d’un participe. Je l’ai donc rectifié de bonne grâce. En revanche, écrire affectéES, comme tu le suggères, serait une erreur MAJUSCULE. Relis bien la phrase : ce ne sont pas mes productions écrites qui risquent d’être affectées (je n’ai tout de même pas été sonnée à ce point là), mais LE RYTHME de mes productions écrites. Le sujet principal est donc bel et bien masculin singulier et non féminin pluriel. D’ailleurs, je trouve que, dans ton raisonnement, tu manques un peu de logique, car en suivant ton idée erronée, tu aurais également dû corriger le verbe risquer en l’accordant lui aussi au pluriel. Cette omission trahit un profond désaccord avec toi-même. L’accord ; le voilà le véritable problème ! En réalité, la vraie faute et la fausse faute que tu évoques sont moins des fautes d’orthographe, au sens strict du terme, que des fautes d’accord. Tu ne m’en voudras donc pas, j’en suis certaine, d’avoir exprimé ici le mien, de désaccord, en concédant un tiers d’erreur mais en t’en retournant les deux autres tiers. Brigite ai donc toujour bien là meilleur en ortaugrafe !
Ça suffit le Deun’s et le beau Phil, je vous ai connus plus complices… bises de la Nath
Oui, mais ça, c’était avant que je me prenne une pile au cerveau. Et une décharge dans le dos.
Tout cela ressemble à du blastphème
Quel joli calembour de Morgane !
Je reconnais la verve poétique et subtile familiale…
Bonne convalescence, Brigitte !
Mais, n’aurais-tu dû pas conserver tes talons aiguille gage de stabilité afin d’éviter de faire partie de l’équipe des bras cassés ?
Toutefois, je suis impatiente de lire tes articles toujours composés de main de maître(sse) et jamais sinistER.
Perdre sa main motrice de toute votre activité est évidemment un grand malheur (heureusement pour vous momentané), mais cela peut aussi être l’occasion d’apprendre à se servir de l’autre main – de la main non dominante comme l’écrit Rébecca Gontier https://boucledencre.com/2023/03/10/apprendre-a-ecrire-de-lautre-main/ qui peut vous aider à vous initier et progresser y compris à distance https://boucledencre.com/votre-reeducatrice-de-lecriture/pour-me-trouver/ —————–
L’objectif immédiat serait d’amoindrir au maximum vos difficultés présentes (notamment écrire sur le clavier d’ordinateur – je m’y suis essayé à un moment donné et fus surpris de progresser assez vite) et à plus long terme constater “que notre main non dominante permet d’accéder à un potentiel du cerveau non exprimé par la main dominante” selon Lucia Capachione (citée par Rébecca Gontier dans l’article précité paragraphe titré “Écrire avec l’autre main: quels bienfaits!”, laquelle “Lucia Capachione a développé des exercices d’écriture et de dessin pour laisser s’exprimer notre Enfant Intérieur (concept développé dans l’analyse transactionnelle) et ainsi débloquer notre créativité, améliorer nos rapports avec les autres, communiquer avec notre moi profond et accéder à notre sagesse intérieure.” ————- C’est l’occasion aussi de “comprendre pourquoi les hommes ont adopté majoritairement la main droite à travers les âges. C’est une question passionnante qui intéresse les préhistoriens, les ethnologues, les sociologues et les anthropologues.” ———- Et c’est une manière d’anticiper tout problème ultérieur lié par exemple à la vieillesse! — Une autre page avec image permettant de visualiser une telle approche (même si contraire à votre situation) https://fr.wikihow.com/devenir-gaucher-quand-on-est-droitier —— Bon courage et belles découvertes
Fracassant, certes, mais quant à l’avenir de cette main mieux vaut être le capitaine Fracassé que le capitaine Crochet !
Bravo Brigitte pour cette jubilation dans le malheur.
Que dire….. bon rétablissement et la prochaine fois tu regarderas où tu poses tes pieds …. (je plaisante)
Bisous.