NOW AND THEN
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« Tant que John Lennon sera mort, les Beatles ne se reformeront pas ! ». C’est, en substance, ce qu’avait déclaré un jour George Harrison, lassé d’entendre sans cesse revenir questions et rumeurs sur l’éventuelle reformation du groupe ou l’exhumation de morceaux inédits des Beatles. Après John Lennon, assassiné à New-York en décembre 1980, George Harrison a quitté ce monde en novembre 2001, succombant à un cancer. Pourtant, ce jeudi 2 novembre 2003, sort un nouveau titre des Beatles ! Grâce à de nouvelles technologies d’enregistrement utilisant l’intelligence artificielle, l’impossible est devenu réalité 53 ans après la séparation du groupe…
« C’est probablement la dernière chanson des Beatles, et on joue tous dessus, c’est un véritable enregistrement de Beatles », a déclaré Paul McCartney, maintenant octogénaire, tout comme son compère Ringo Starr. Les deux survivants du plus célèbre quatuor au monde ont achevé un travail entamé en 1994. Cette année-là, Yoko Ono avait remis aux trois Beatles encore en vie une bande démo, voix et piano, d’une des dernières compositions de John, intitulée “Now and Then”. Paul à la basse, George à la guitare et Ringo à la batterie avaient alors tenté de finaliser cette chanson, mais la technologie de l’époque n’avait pas permis d’extraire la voix de John et d’isoler la partie piano avec une qualité suffisante. Le projet avait été abandonné l’année suivante. En 2017, le réalisateur, producteur et scénariste néozélandais Peter Jackson, à qui l’on devait déjà les trilogies cinématographiques “Le Seigneur des Anneaux” et “Le Hobbit”, s’était attelé à une tâche gigantesque : ressusciter les ultimes moments des Beatles en tant que groupe. Reprenant les archives et séances fondatrices du disque Let It Be et du film éponyme, décortiquant minutieusement plus 60 heures d’images inédites et 150 heures d’enregistrements audio datant du mois de janvier 1969, il avait finalement réussi l’exploit de produire un documentaire incroyable, en trois épisodes d’environ 2h30 chacun. Intitulée “The Beatles : Get Back ”, diffusée fin novembre 2021, l’œuvre avait fait grand bruit, non seulement auprès des fans inconditionnels mais aussi auprès d’un public intergénérationnel beaucoup plus large. Outre le nouvel éclairage braqué sur la fin de l’aventure Beatles, les prouesses techniques au niveau de la restauration des images, et surtout du son, ouvraient des perspectives nouvelles. Peter Jackson semblait lui même avoir du mal à s’en remettre. Il avouait : « C’était une sorte de rêve de fan impossible. J’aurais aimé entrer dans une machine à remonter le temps et m’assoir dans un coin pendant qu’ils travaillaient. Juste un jour, juste les regarder, être là, assis, tranquille. Eh bien vous savez quoi ? La machine à remonter le temps existe désormais ! ».
Pour la seconde fois, la chanson “Now and Then” est ressortie du placard. Les pistes voix et piano ont enfin pu être travaillées séparément. « On s’est retrouvé avec la voix de John, claire comme du cristal », a confié Paul McCartney. Bien sûr, entre temps George Harrison s’en était allé, mais ses enregistrements de 1995, à la guitare électrique et acoustique, avaient été soigneusement conservées. Ringo Starr et Paul McCartney sont retournés en studio. Le batteur et le bassiste ont repris leurs partitions et ajouté leurs voix pour terminer le morceau l’année dernière, dans des studios de Capitol Records, à Los Angeles. Clin d’œil supplémentaire à la famille Beatles par l’entremise du groupe EMI, fondateur des fameux studios d’Abbey Road à Londres.
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Si “Now and Then” a une air de parenté certain avec “Free as a Bird” et “Real Love”, deux autres titres posthumes de John Lennon, retravaillés ensuite par les trois autres Beatles, ce n’est pas un hasard. Respectivement sorties en novembre 1995 sur l’album Anthology 1, et en mars 1996 sur l’album Anthologie 2, elles puisent leur inspiration dans la même veine. Elles faisaient partie d’un lot de quatre démos enregistrées à la fin des années 1970 par John Lennon, dans son appartement new-yorkais du Dakota Building. Yoko Ono les avaient remises à ses trois compères lors de la concrétisation du projet “The Beatles Anthology”, qui incluait disques, documentaire tv et livre luxueux retraçant l’histoire du groupe britannique. Après des années de silence, on y retrouvait un John Lennon assagi, rasséréné, apaisé. La page de l’engagement politique virulent, qui lui avait valu la haine tenace du président américain Richard Nixon et de ses services, était tournée. Le Beatle contestataire, auteur des tonitruants “Power to the People”, “Instant Karma”, “Give Peace a Chance” “Cold Turkey”, “Whatever Gets You Thru the Night”, abordait des rivages moins tourmentés. S’installait doucement une sorte de calme après la tempête. Son album Double Fantasy, sorti mi-novembre 1980, trois semaines avant son assassinat, témoignait de ce renouveau qui coïncidait avec un retour tant attendu. La chanson “Woman”, ode à la femme et prolongement de sa version Beatles “Girl”, en était une illustration parfaite. “Now and Then”, probablement l’ultime lègue lennonien, insiste sur la complémentarité féminin-masculin, l’amour en tant qu’énergie vitale, force vive et profonde. Dans les mélodies comme dans les émotions, une boucle est bouclée. Soutenues par la guitare langoureuse de George Harrison, le Beatle dont il était spirituellement le plus proche, les dernières compositions de John Lennon insistent sur une harmonie, une philosophie, une plénitude faisant appel à des valeurs humaines bien malmenées dans le contexte actuel. On peut se dire que le combat est inégal, que les salauds finissent par assassiner les poètes (George Harrison lui même échappa de peu à un détraqué qui lui asséna une quarantaine de coups de couteau en décembre 1999). Mais une chose est sure, contrairement à leurs piètres oppresseurs, ces messagers de l’espoir libèrent une voie, et une voix, indélébiles. Leur mémoire et leur crédo subsistent bien après leur mort. Ils magnifient des sentiments et des idéaux inaltérables. Nimbés dans une nostalgie émouvante, portés par une sensibilité délicate, ils s’élèvent loin des bassesses insignifiantes, dans un bruissement d’ailes invisibles. Ce sont des éclaireurs pacifiques, des âmes nobles, des êtres libres que l’on a envie de suivre. Free as a bird.
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Now and then, I miss you.
Une chanson et quatre Beatles qui se parlent à travers le temps et les fréquences radio. Peut-être que John et George enverront un petit rayon de soleil à Paul et Ringo. Here, there and everywhere 🙂
Merci.
Incroyable de se dire qu’ils ont pu, après toutes ces années, retravailler ensemble une dernière fois. Et leur collaboration n’a pas pris une ride: toujours aussi complémentaire et intemporelle.
Ça coule de source et c’est très émouvant. Lennon et Harrison sont là.
Éternels Beatles
Chaque outil à ses deux faces, deux aspects, un couteau te sert à couper du pain ou peut tuer. L’IA me fait peur et va faire bcp de dégâts je pense, mais là c’est sans doute une des meilleures utilisations qui puisse en être faite. Merci pour ce revival, pour cet ovbi, objet visuel bien identifié.