C’EST UN MEURTRE !
Clic pour la photo, clap pour la vidéo. De ce tiroir émergent toutes les inspirations issues de l’image, figée ou animée. Photographies et films déclenchent en nous des impressions et des expressions diverses. À partir des unes ou des autres, j’esquisse quelques trames personnelles. Ce compartiment est une chambre de couleurs qui dispose d’images pour révélateur et de textes pour fixateur.
On me dit que fumer n’est pas beau, que ce n’est pas féminin.
Certains prétendent même que c’est très vilain.
Franchement, par moments, j’ai un peu de mal à les croire…
I am told that smoking is bad, that it’s not ladylike.
Some even claim that it’s very naughty.
Honestly, sometimes, I find that a little hard to believe.
Elle arrive par l’ouest du pays. Elle s’appelle Justine et elle ne fait pas vraiment partie des copines marrantes. Au contraire, elle compte bien nous pourrir les tout derniers jours de janvier, le prochain week-end et la semaine qui suit. Justine est une petite sadique qui va commencer par fouetter les côtes bretonnes et normandes. Ses vents violents (entre 110 et 130 km/h) vont s’associer à un fort coefficient de marée (vagues de 8 à 10 mètres) en guise d’apéro. La France entière va ensuite être copieusement arrosée, histoire d’égayer un peu la perspective du confinement strict qui se profile à l’horizon février. En conjuguant ces fortes précipitations à la fonte des neiges, les météorologues redoutent la crue prématurée de certaines rivières. Si avec, toutes ces bonnes nouvelles, vous avez toujours envie de sortir, avant ou après 18 heures, vous pouvez à coup sûr vous ranger parmi les optimistes insubmersibles. Vous munir d’une paire de palmes et d’un tuba pourrait alors être une idée judicieuse. Pour les autres, pessimistes ou réalistes, tout espoir n’est pas perdu. Ils pourront toujours se consoler avec l’idée un peu plus sexy que le coronavirus n’aime pas l’eau. Et, dans une telle panade sado-maso, lui souhaiter bon vent.
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Un hybride d’Emmanuel Macron et de Charlize Theron qui s’adore en Dior ? C’est une séquence insolite qui a émergé sur la toile depuis quelques jours. Les spécialistes auront tout de suite compris qu’il s’agit d’un deepfake (ou hypertrucage, en français). Cette technique de synthèse d’images, fondée sur l’intelligence artificielle, permet de superposer des éléments audio et vidéo sur d’autres éléments pré-existants et de les intégrer dans décor ou un contexte différent. En l’occurrence, le canevas audiovisuel utilisé ici est celui du clip publicitaire du parfum “Dior J’adore”, lui même inspiré du Bain Turc peint par Ingres. Le corps de l’actrice américaine d’origine sud-africaine Charlize Theron, égérie du célèbre parfum depuis une douzaine d’années, n’a pas été modifié mais, sur son visage, ont été plaqués les traits du président français. Emmanuel Macron, paré d’or et de jouvence féériques, se retrouve ainsi plongé dans la chaleur délicate et suave d’un hammam féminin. De cette illusion naît un personnage androgyne troublant, mi-familier, mi-fantasmagorique. On aimerait le voir s’élever et devenir le chantre d’un nouveau credo, l’éclaireur de nouvelles perspectives, tel un champion de l’égalité des genres. Mais on redoute sitôt qu’il ne sombre dans des fragrances enivrantes et mielleuses, qu’il ne s’abîme à la source du luxe et de l’opulence. Comme une sorte de deepfake du pouvoir et des bons sentiments.
Une photo d’archive, datée de 1945, montre Keith Richards tenu en laisse par sa mère Doris, lors d’une promenade en ville, dans l’Angleterre d’après guerre. Un cliché qui en dit long sur cet enfant de deux ans qui deviendra plus tard le guitariste leader des Rolling Stones. Son regard est sombre. Le harnais est serré et la bride est courte, réduisant la marge de manœuvre au strict minimum. Il traîne quelque chose qui ressemble un peu à un manche de guitare, comme celles qui seront furieusement éclatées sur scène. Se dégage une impression frondeuse, comme la naissance d’une rébellion obscure, quelque part entre I Can’t Get No Satisfaction, Paint It Black ou You Can’t Always Get What You Want. À 77 ans, ce dinosaure du rock continue à étonner tous ceux qui ne donnaient pas cher de sa peau à cause de sa consommation de drogues variées et ses excès en tous genres. Il a même vidé une partie de l’urne funéraire de son père en mélangeant les cendres de son défunt papa avec ses rails de coke ! Sa longévité demeure une énigme pour le corps médical. Une chose est certaine : aujourd’hui, plus personne ne peut se vanter de le tenir en laisse. Il promène son extravagance burinée comme un vagabond du rock’n roll, toujours prêt à siffler d’autres coktails. Avec un zest de Brown Sugar, Sympathy for the Devil et Hot Stuff.