MERCI  MILLE  FOIS



Un hommage insolite aux infirmières a attiré mon attention lors d’une balade dans le 12ème arrondissement de Paris. Ce magnifique collage, apposé sur un des murs d’enceinte de l’hôpital Saint-Antoine, face à la caserne des pompiers, est cruellement évocateur. La république française, coiffée de son bonnet phrygien, un de ses symboles majeurs, tourne le dos à une infirmière masquée, coiffée de plusieurs masques en guise de charlotte médicale, un assemblage rappelant sans doute le bricolage auquel est contraint notre personnel soignant, en manque de fournitures et matériel sanitaire pourtant basiques. Telles les voiles de fortune d’un navire désemparé, d’autres masques relient les deux personnages. Traduit en plusieurs langues, le mot merci est inscrit sur chacun d’eux. Des rouages complexes tendent les pièces de tissu dans une architecture très élaborée, à la fois inquiétante et fascinante. Reconnaissance élémentaire et contradiction absurde caractérisant le contexte incertain et la situation équivoque dans lesquels notre société se débat depuis plusieurs mois ? Détermination hypocrite d’un côté et dévouement désintéressé de l’autre : deux réalités siamoises qui n’ont pas fini de ligoter nos pensées en ce déclin 2020.

DIX  SUR  DIX

Septembre est le mois des rentrées scolaires et universitaires. Habituellement, se posaient des questions de fond déjà très préoccupantes. Les classes seraient-elles surchargées ? Les enseignants seraient-ils enfin en nombre suffisant ? Les programmes pédagogiques seraient-ils bien adaptés ? L’accès à l’enseignement supérieur serait-il libre et équitable ? Une nouvelle réforme nationale serait-elle inévitable ? Faudrait-il revenir au port d’un uniforme au sein des établissements publics ou privés ? Toutes ces interrogations semblent aujourd’hui balayées par trois données inattendues : la mise en place de gestes barrière, le port du masque obligatoire et une distanciation sociale permanente. Des mesures pas faciles à appliquer dans toutes les classes.

AU DELÀ DES APPARENCES



Il suffit de remplacer grandes feuilles par grandes gueules, ou ramifications par bonnes actions, et l’on obtient le profil type de ce fléau qui prétend améliorer la société et ne fait que la gangréner. À la campagne, dans la flore ou dans la faune, on repère rapidement les nuisibles. On les honnit. On les combat. On se méfie des parasites comme de la peste. On sait reconnaître ceux qui invitent les autres uniquement au moment du labour et ne leur rendent visite que pour la récolte. À la ville, ne compte que ce qui affleure en surface, comme en politique. Entre béton et asphalte, les chiendents font figure de fines herbes. On y vend des salades au goût amer. C’est le monde du blé noir et de l’oseille dissimulée. Ceux qui produisent le moins engrangent le plus. Qu’ils se méfient malgré tout du changement de saison. Personne n’apprécie de se faire carotter trop longtemps. Il faut semer pour recueillir, en tendant la main et non le sac. Du vent germe toujours la tempête.