SUR LE SENTIER DE NAGUÈRE


En 1973, elle avait à peine 26 ans lorsqu’elle était venue lire une déclaration de Marlon Brando lors de la cérémonie des Oscars à Hollywood. Le monstre sacré du cinéma américain, qui avait remporté l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Don Vito Corleone, dans le film Le Parrain, réalisé par Francis Ford Coppola, n’avait pas daigné se déplacer. Pire, il avait décidé de refuser son trophée en signe de protestation contre le traitement des Amérindiens par Hollywood. La jeune Sacheen Littlefeather, d’origine apache et yaqui, fut son émissaire. Elle était venue en paix, expliquer la motivation profonde de l’acteur. Elle fut crucifiée sur place par les producteurs et bannie des studios américains…

(suite…)

4 OU 5 AOÛT 1962 ?


C’était il y a soixante ans, déjà. Le dimanche 5 août 1962, vers 3 heures, le corps sans vie de Marylin Monroe est retrouvé dans la petite hacienda qu’elle venait de s’offrir à Brentwood, au 12305 Helena Drive, non loin de Los Angeles. Fort heureusement pour la famille Kennedy, le mystère de sa mort ne sera jamais élucidé. Faute de preuves et en raison d’une enquête effroyablement bâclée, pour ne pas dire sabotée, l’administration ne sera en mesure ni de classer le dossier, ni d’affirmer qu’il s’agit d’un homicide, ni de déclarer officiellement un suicide. Le petit carnet rouge dans lequel Marylin avait noté des confidences compromettantes ne sera jamais retrouvé. Quand bien même le serait-il aujourd’hui, et qu’une vérité dont tout le monde se doute finirait par éclater au grand jour, cette nuit du 4 au 5 août 1962 a fait virer la couleur au noir. Ou vice-versa. Avec Marylin, le temps n’a pas d’âge. Avec Marylin, tout est possible, y compris de convertir le sexuel en sensuel, le lubrique en sympathique, le tragique en énigmatique. Et d’embarquer avec elle des millions de personnes dans l’indicible. “El amor màs fuerte que la muerte”. Mon amie argentine Paloma, qui est née trente ans après le décès de la star américaine, en apporte une confirmation singulière avec son crédo désarmant : « Ce 5 août 1962 restera le jour le plus triste de ma vie » !

MODERATO ALLEGRO


ON NE PEUT PAS TOUJOURS CHOISIR LA MUSIQUE QUE LA VIE VA JOUER POUR NOUS…
MAIS ON PEUT CHOISIR LA FAÇON DONT NOUS ALLONS DANSER SUR ELLE.

ACCORD PARFAIT


Disparu le 6 juillet 2020 à l’âge de 91 ans, Ennio Morricone fut un immense compositeur, musicien, arrangeur, producteur et chef d’orchestre. Sa contribution à la musique de films (notamment les westerns spaghetti mitonnés avec son complice réalisateur Sergio Leone) est inestimable tant les bandes originales qu’il a créées demeurent dans toutes les mémoires. Un autre artiste italien, le guitariste Luca Stricagnoli, lui a rendu un hommage saisissant en interprétant magistralement la partition de “For a Few Dollars More” (Pour une poignée de dollars, film sorti en 1964, avec Clint Eastwood). L’intro et la conclusion, avec le canon d’un revolver frappant la corde basse, elle même scotchée à sa base au chatterton pour en accentuer le son mat, sont des plus insolites. Idem pour l’utilisation d’un capodastre astucieusement modifié. Le picking vigoureux, les arpèges délicieux, les harmoniques effleurées, les accords rythmiques ponctués par les claquements secs du pouce (spécialement bagué à cet effet) martelant la caisse de la guitare ; tout y est. Tout raisonne parfaitement avec le style et l’esprit du maestro Morricone. Une preuve supplémentaire que l’art s’enrichit en se transmettant. Et ne meurt jamais tout à fait.

MON ANCIEN NOUVEL AMI


C’était avant les années covid, durant l’été 2018, entre Périgueux et Bergerac. Par delà les jardins et bosquets environnants, je l’avais vu arriver de loin. Sa progression dans l’air chaud du début d’après-midi était élégante, composée par un enchaînement de longs vols planés gracieux et réguliers. Son envergure impressionnante, de 6 à 7 cm, ses ailes triangulaires, à dominante jaune pâle et zébrées de noir, accrochèrent immédiatement mon regard.

(suite…)

LA 12ème DU GENRE !


Samedi 25 juin 2022, en début d’après-midi, une grosse averse s’abattait sur Paris. Elisa et moi étions blotties à l’arrière d’un taxi qui nous emmenait avenue Daumesnil, en face du commissariat central du 12ème arrondissement, là où nous devions retrouver plusieurs copines brésiliennes, au sein du cortège de la Gay Pride parisienne. Notre chauffeur s’appelait Sébastien, arborait une barbe fournie et une voix rauque. A posteriori, je lui trouvai un air de famille avec un autre Sébastien, dont le nom fait encore trembler l’univers du rugby. Notre Chabal à nous avait également la désinvolture et l’humeur d’un Jean Yanne ou d’un Olivier de Kersauson…

(suite…)

À COUTEAUX TIRÉS


Invitée à dîner chez un ami proche la semaine dernière, j’avisai, sur le plan de travail de sa cuisine, un ustensile singulier. Ce porte-couteaux métallique représentait une silhouette humaine, d’apparence masculine, lardée de cinq lames affutées, transperçant le corps au niveau des membres inférieurs, de l’abdomen, du thorax et de la tête. Une sorte de poupée vaudou version Scream. Remarquant mon regard intrigué et devinant ma perplexité, il me confia : « Original, cet accessoire non, tu ne trouves pas ? C’est un cadeau de ma future ex-petite amie. Notre rupture n’est pas encore consommée mais j’ai le sentiment qu’elle se doute de quelque chose… »

(suite…)