LE  14  MAI  DE  LA  FERRONNERIE

De gauche à droite : Brigitte, Giovanna et Henri IV.

C’était un 14 mai et nous quittions, mon amie Giovanna et moi, notre fief du Banana Café, bar mythique et exotique des nuits parisiennes, qui anime la rue de la Ferronnerie et le quartier des Halles depuis près de quarante ans. Ce soir-là, il ne faisait pas froid mais le temps était à la pluie, avec quelques gouttes de nostalgie. Je le fis remarquer à mon amie qui me demanda pourquoi je pensais cela.  D’une Française à une Brésilienne, la traduction des impressions est parfois plus aisée par les silences que par les mots. Je lui devais tout de même une explication. « Esta nostalgia é difícil de explicar ». Généralement, la nostalgie se définit comme un sentiment de regret d’un temps ou d’un lieu autrefois agréables mais devenus lointains. Éloignement spatial ou temporel, peu importe, ce regret n’est pas un remords. C’est un mal du pays ou un bien du passé, comme un soupir intérieur, qui devient présent mais nous échappe en même temps. Saudade, spleen, blues, mélancolie ; un peu de tout cela avec un soupçon d’autre chose. (suite…)

VERTIGE DE LA PAGE BLANCHE ?

« L’inspiration vous donne deux ou trois phrases magnifiques et puis ça s’arrête.
Quel est le fumier qui décide ça ? »

Raymond Devos

POULE  DE  CANNES

Dans l’article du 10 mai dernier, concernant la dinde qui ne tenait pas sur ses cannes, et qui s’était bizarrement vautrée sur les marches rubis, nous émettions, mon amie Chantal et moi-même, un sérieux doute sur l’aspect accidentel et les réelles motivations de cet avachissement gallinacé devant les photographes. À peine 24 heures plus tard, nous avons eu la réponse avec la réapparition de la cocotte dans une tenue qui dévoilait ses véritables desseins. C’est à la fois une confirmation et une infirmation. Confirmation triviale de ses intentions exhibitionnistes et infirmation totale de ce pourquoi nous lui trouvions quelque qualité, à savoir sa façon excentrique de se faire remarquer sans se dépoitrailler comme ses vulgaires copines de perchoir. Aussi, nous lui retirons l’accessit à la palme de la meilleure interprétation féminine sur tapis rouge et la reléguons dans la basse-cour commune des cancanières de service.

TALENT  AIGUILLE


Je pensais cela proprement impossible, du moins avec une telle aisance. Et pourtant Markissa le fait, avec une belle élégance. Tenir en équilibre sur des ballet heels ou des ballet boots (comprenez ballerines aiguilles) est déjà une véritable prouesse. Bon nombre de celles qui s’y sont essayées se sont le plus souvent contentées de rejoindre rapidement un canapé ou un tabouret de bar pour n’en plus bouger de la soirée. Markissa Moore, incroyable mannequin russe, va plus loin et plus vite que tout le monde. Avec un naturel qui défie les lois de la gravité et de l’anatomie humaine, elle chemine de façon sublime, et sans efforts apparents, sur ce piédestal si difficile à dompter. Elle a découvert ce talent très pointu relativement tard mais a rapidement progressé dans cet art déambulatoire très particulier. Moulée dans des tenues de latex qui accentuent encore le charme irréel de ses déplacements, elle se joue de tous les terrains et de toutes les contraintes avec un petit sourire mutin. Markissa n’est pas la reine des ballet heels. Elle en est l’impératrice.

CANNES   ARCANES


Quand on ne tient pas sur ses cannes, on ne se risque pas à faire son cinéma sur les marches du plus célèbre festival au monde. C’est la leçon que retiendra peut-être l’échassière bien maladroite, qui, depuis mardi 8 mai 2018, a fait le tour de la toile en un temps record. Sa prestation déplorable est résumée en une minute dans la vidéo ci-dessus. Parmi le public, on a entendu des “Oh la la… la pauvre” ! Évidemment, les nanas compatissaient. Évidemment, les photographes flashaient. Et évidemment, les mecs rigolaient.  Et pour une fois, je me suis rangée à leurs côtés.  Parfaitement. Il n’y a pas de “Oh la la… la pauvre” qui tienne ! Cette tricoteuse  de guingois n’avait aucune circonstance atténuante. Elle savait où elle allait. Personne ne l’a prise par surprise, du moins pas cette fois, et elle avait tout le loisir de répéter auparavant une montée des escaliers pas si compliquée que cela à négocier. (suite…)

SUITE DE L’ARTICLE PRÉCÉDENT



Rien à ajouter ; les photos parlent d’elles-mêmes… À noter que Léa Seydoux (en blanc, à gauche) fait partie du jury du festival de Cannes 2018 et que Cate Blanchett (en noir, à droite) en est la présidente. Harvey Weinstein et Bill Cosby doivent se retourner dans leur tombe médiatique.

JOLIES CANNES ET VIEILLES BRANCHES



Et allez ! On va encore y avoir droit ! Et en plan panoramique messieurs dames, avec éditions spéciales à la clef, sur fond de palaces rutilants et de paparazzi rugissants. Descente de grosses bagnoles, tapis rouge et montée des marches : le Festival de Cannes nous offre chaque année les mêmes séquences effroyablement surjouées. (suite…)

SIGNES  D’OUVERTURE

Plusieurs communiqués de presse l’ont affirmé ce lundi 7 mai 2018 : après la rencontre entre le premier ministre Edouard Philippe et les instances syndicales, le mouvement de grève SNCF pourrait prendre une autre tournure. En effet, des signes d’ouverture très probants sont apparus.

D’ARC  ET  D’ÉON  :  MÊME  COMBAT  ?

Trois siècles les séparent. Une inversion les rassemble. Elle naît en 1412 à Domrémy, lui en 1728 à Tonnerre. Elle meurt en mai à 19 ans, lui en mai à 82 ans, dans un genre à la fois similaire et différent de ceux qu’ils auraient dû être, de ce qu’ils auraient dû paraître. Jeanne d’Arc et le Chevalier d’Éon même combat ? (suite…)